• - France Olympique 5 mai 1936

    GRAULHET est Champion de France de Promotion de Rugby à Quinze

     - France Olympique 5 mai 1936

    FRANCE OLYMPIQUE du 5 mai 1936


    Toulouse, 3 mai. — En finale du championnat de France de Promotion, le S.C.Graulhétois bat le F.C. de Saint-Claude par 3 points (un essai) à 0. C’est une assistance très nombreuse qui avait tenu à assister à cette finale ; assistance composée, pour une grande partie, par les supporters tarnais d’un, côté, par des Toulousains ensuite. Car vous pensez bien que les suiveurs saint-claudiens sont réduits à la plus simple expression… Le soleil, lui aussi, est de la fête ; un peu trop même au gré des joueurs, qui verront leurs efforts rendus encore plus pénibles. En attendant que les adversaires soient prêts à disputer leurs chances, deux équipes portant les couleurs de Marengo et des Diables Toulousain réussissent sans peine, tant ils apportent de cœur à l’ouvrage, à faire patienter la foule. Voici, enfin, que les équipes font leur entrée sur le terrain, largement applaudies. Saint-Claude, qui joue en maillot blanc cerclé de bleu, produit une certaine impression par les splendides moyens physiques de ses joueurs ; Graulhet, au maillot rouge et noir — couleurs du Stade — est accueilli par une tempête d’applaudissements qui témoignent de la densité et de la ferveur de ses supporters. La partie.Le coup d’envoi échoit à Graulhet et la partie est engagée à toute allure. De suite, les Tarnais obtiennent un coup franc face aux poteaux, mais, botté des quarante mètres, celui-ci est manqué. Le camp des Jurassiens est sérieusement menacé. Pourtant, les « rouge et noir » ne peuvent tirer un avantage suffisant de ce début prometteur. Un beau mouvement de Saint-Claude. Tout à coup, une attaque fulgurante est lancée par Saint-Claude, attaque que l’ailier gauche termine devant Grousset par un petit coup de pied à suivre, trop court, hélas ! de 50 centimètres. C’est dommage, car ce mouvement était splendide et méritait d’aboutir à l’essai. Assez rapidement, Graulhet se tire de ce mauvais pas et le jeu revient aux cinquante. Pauthe, par de longs coups de pied, maintient le jeu dans le camp jurassien. Graulhet joue avec une activité invraisemblable, mais se montre maladroit de plus, ses nombreux hors-jeu, lui valent les vives réactions du public, qui n’apprécie guère un arbitrage lymphatique. Saint-Claude, à la fougue des Tarnais, oppose un jeu plus réfléchi qui ne manque pas de classe. Le centre Livouges, en particulier, réussit des percées magistrales que la sévère défense graulhetoise fait néanmoins avorter. Saint-Claude continue maintenant à dominer, mais la défense, en face, est impénétrable, un peu trop « heurtée » même. Un instant, Graulhet devient menaçant, grâce à une descente d’un de ses avants, mais Saint-Claude reporte vivement le jeu dans le camp graulhétois, et le repos est sifflé sur un score nul. Cette première mi-temps, dans son ensemble, aura vu une supériorité assez nette de Saint-Claude, qui fit montre d’une science certaine, mais manqua d’efficacité devant la sévère défense dé Graulhet.La seconde mi-temps.La chaleur, pourtant excessive, ne paraît pas handicaper les joueurs qui jouent avec une belle ardeur. Pauthe, de suite, fait une belle descente qui met Saint-Claude en fâcheuse posture, les avants graulhétois menant la vie dure au pack jurassien. Mais, de ses quinze mètres, un troisième ligne de Saint-Claude effectue une descente splendide qui n’est stoppée qu’aux trente mètres de Graulhet. Saint-Claude tente un but, puis un drop, sans succès, puis les avants graulhétois repartent à l’attaque. Pauthe et le demi saint-claudien Aquistapace se livrent une belle bataille où au cours de laquelle le Graulhétois n’a pas toujours le dernier mot. Un essai pour Graulhet. Aux cinquante mètres, une mêlée se joue ; Pauthe sert directement Alquier, et l’attaque incisive et rapide évolue jusqu’à l’aile droite où Parayre, sur recentrage, réussit à marquer. Le but n’est pas réussi. Saint-Claude réagit vigoureusement, envahit un instant les vingt-deux tarnais, mais Pauthe les dégage vivement et ses avants manquent de peu, par un dribbling échevelé, de marquer à nouveau. Saint-Claude ne joue plus avec la même assurance et commet souvent des maladresses, voire quelques erreurs grossières. Il n’empêche, grâce à un long coup de botte, Livouge trouve la touche à 5 mètres des buts. L’attaque se déclenche, mais aboutit à l’aile opposée, où l’essai est également raté d’un cheveu. Graulhet, à présent, contre-attaque et regagne les cinquante. Deux fois, l’ailier droit de Saint-Claude se démarque, mais il n’est pas soutenu et Graulhet, à nouveau, redevient menaçant. Il reste six minutes à jouer. Saint-Claude paraît désemparé. Dans un dernier sursaut, pourtant, il parvient à inquiéter Graulhet, qui doit pointer en but. Et la fin survient sur la victoire de Graulhet par 3 points à zéro.Graulhet voulait gagner !Cette finale, ainsi qu’on l’escomptait, fut farouchement mais loyalement disputée. La qualité du jeu, sans doute, ne fut pas extraordinaire; elle fut, cependant, suffisante pour contenter largement la foule, qui avait répondu chaleureusement à l’appel qui lui fut adressé Graulhet a gagné. Vive Graulhet ! Cette victoire, tous ses joueurs la désiraient ardemment. On sentit, dès lé début, que les quinze « rouge et noir » avaient juré de rapporter chez eux le titre envié. Ils l’enlevèrent grâce surtout à leur cran, à leur ténacité. Ils ont droit à des félicitations sans réserve. Il faudrait, en pareil cas, ne citer personne puisque les quinze joueurs le mériteraient. Il nous semble, pourtant, que deux hommes se sont particulièrement signalés : nous avons nommé Pauthe, aussi brillant joueur que capitaine avisé et estimé de ses camarades, et l’excellent troisième ligne Alquié qui fit une partie formidable, A ces deux athlètes revient le mérite d’avoir enlevé l’équipe jusqu’au coup de sifflet final qui consacra les Graulhétois champions de France. À ces deux noms ajoutons aussi l’arrière Grousset qui, à plusieurs reprises, évita la défaite.Saint-Claude méritait mieux.Si les vainqueurs méritent d’être félicités, Saint-Claude, adversaire malheureux, a droit, lui aussi, à sa part d’éloges. Cette équipe, inconnue à Toulouse, y laissera la meilleure impression. Le public toulousain qui s’y connaît quelque peu en rugby, ne manqua pas de marquer sa satisfaction pour la belle ordonnance du jeu saint-claudien. Rugby sans fioritures certes, mais classique, élégant et, ce qui ne gâte rien, extrêmement correct. On pouvait penser, à la mi-temps, que les champions du Jura, qui avaient jusque-là fourni le plus clair des offensives, finiraient par triompher de la fougue tarnaise. Plusieurs occasions se présentèrent, mais aucune ne fut concluante, soit qu’une mauvaise inspiration mît un terme à l’attaque à l’instant décisif, soit que les percées d’un Livouge en grande forme, de Picard ou de Campari n’aient pas été suffisamment soutenues. Et lorsque Parayre eut marqué l’essai graulhétois, le jeu des Jurassiens se désunit, les maladresses, les fautes les plus grossières — ces coups de pied d’association ! — furent courantes et Graulhet n’eut aucune peine à maintenir son avance, sauf toutefois dans les deux dernières minutes, où l’essai fut manqué d’un souffle, à deux reprises. Les deux équipes, en définitive, méritaient de disputer cette finale, qui connut le plus vif succès sportif et financier. L arbitrage fut assez incohérent, mais, grâce à la bonne tenue des deux équipe, tout se passa convenablement.


    R. ESCALLE. 
     


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