• - Pierre-Jacques de TAFFANEL

     

    - Pierre-Jacques de TAFFANEL

    Né à Graulhet le 16 avril 1865
    Décédé le 17 mars 1752 à Québec
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    Sa vie racontée dans le Bulletin de la Société archéologique du Gers

    - Pierre-Jacques de TAFFANEL

    Le marquis de La Jonquière, baron de Magnas, seigneur de Castelnau-d'Arbieu et d'Urdens, chef d'escadre, inspecteur des flottes de Sa Majesté, gouverneur du Canada (1685- 1752)1


    PAR M. L'ABBÉ LAGLLIZE.


    Quoique issu d'une famille de l'Albigeois, la Gascogne peut revendiquer cet illustre marin comme une de ses gloires. Il devint notre compatriote par son mariage avec mademoiselle de La Valette, qui lui apporta en dot la baronnie de Magnas avec les seigneuries d'Urdens et de Castelnau-d'Arbieu.


    Pierre-Jacques de Taffanel de La Jonquière naquit à Graulhet, ancien diocèse de Lavaur, en Albigeois, d'une très noble et très ancienne famille 2. Il n'avait que douze ans lorsqu’il fut nommé garde de marine le 1er septembre 1697. On appelait ainsi les gentilshommes admis dans les écoles ou académies navales, fondées en 1682 par Louis XIV. Les jeunes gardes de marine n'étaient nommés qu'après avoir justifié de leur noblesse et d'un capital de 400 livres. Leur solde était de 18 livres par mois.

    Le jeune La Jonquière arrivait dans la marine au moment où le Roi-Soleil songeait à l'empire des mers, secondé dans ses desseins par les d'Estrées, les Forbin, les Duguay-Trouin, les Duquesnes, les Jean-Bart. Il se forma à leur école. De 1698 à 1702, il monte et fait campagne tour à tour sur le Trident, le le Content, le Prudent, le Henry, le Fortuné. Ce fut à bord de ce bâtiment qu’il reçut, le 1er janvier 1703, son brevet d’enseigne de vaisseau, en récompense de sa bravoure dans un combat contre un navire anglais de quarante canons. Il n'avait que dix-huit ans. Deux ans après, M. de La Jonquière est capitaine en second sur la Galatée, commandée par le chevalier de Maroles. Celui-ci ayant été tué dans une attaque de deux corsaires de dix-huit et de vingt-quatre canons, le jeune capitaine prit le commandement, soutint le combat durant six heures et s'empara à l'abordage du corsaire de dix-huit canons.

    L'année suivante, 1706, il prend part à la campagne de Barcelone, sous les ordres du comte de Toulouse, surnommé le grand amiral, il commande la galère l’Upson, de dix canons, mais son petit bâtiment, surpris dans une reconnaissance par un vaisseau anglais de soixante canons, fut capturé. Après quelques mois de captivité en Angleterre, La Jonquière, compris dans un échange de prisonniers, revint en France. Nous le trouvons, en 1708 et 1709, commandant la frégate l'Hirondelle, de vingt- quatre canons, avec laquelle il prit six navires anglais ou hollandais. Il fait une croisière dans la mer du Nord et participe ensuite, comme premier lieutenant de l'Achille, de soixante-six canons, à la glorieuse expédition de Duguay-Trouin à Rio-de-Janeiro. Voici en quels termes le fameux homme de mer appréciait la valeur de M. de La Jonquière, dans un rapport du 17 février 1712, adressé au ministère de la Marine : " Je crois être obligé dans cette occasion de vous rendre témoignage de l'activité, soins et application de tous les officiers de vaisseaux, et même crois devoir distinguer M. de La Jonquière, qui a été nuit et jour infatigable, et dont la capacité surmonte les officiers les plus expérimentés du corps.

    Au mois de septembre suivant, M. de La Jonquière était nommé capitaine de brûlot, à Brest. La paix qui suivit le traité d'Utrecht ne le laissa pas inactif. Il accepta du fameux M. de Crozat 3 , le richissime fondateur de la compagnie Occident, le commandement du navire le Baron de La Fauche, pour porter à la Louisiane des agents, des marchandises, quelques fonctionnaires parmi lesquels M. de Lamothe-Cadilhac, l'intendant Duclos, des missionnaires et douze jeunes filles destinées à être mariées à des habitants de la colonie mais celles-ci, lisons-nous dans un rapport de M. Duclos, « étaient " tellement laides et mal faites, que les sauvages eux-mêmes " n'en voulurent pas, il fallut les rapatrier ». L'entreprise de la compagnie d'Occident ne réussit pas M. de Crozat remit son privilège au roi. Ce fut alors que l'écossais Law reprit la direction de la compagnie. On sait de quels désastres financiers cet habile flibustier couvrit la France. Ne pouvant se résigner au repos, M. de La Jonquière, avec d'autres officiers de la marine française, ayant fait comme lui la guerre de course Sous Jean Bart et Duguay-Trouin et animés de l'esprit d'aventures de ces maîtres, demandèrent et obtinrent du roi la permission de passer au service de l'Espagne. Le traité d'Utrecht, signé le 11 avril 1713, conservait à cette nation ses immenses colonies en Amérique.

    Durant cinq ans, M. de La Jonquière fut capitaine de vaisseau dans la marine espagnole et prit part à diverses expéditions contre les forbans. Mais alors, comme toujours, la politique internationale avait ses caprices. Les deux nations amies devinrent ennemies, et le 2 janvier 1719 la guerre fut déclarée. Aussitôt, les officiers français au service de l'Espagne s'empressèrent de rentrer dans leur patrie. Au bout d'un an, la paix fut rétablie. Le 7 février 1720, M. de la Jonquière recevait son brevet de lieutenant de vaisseau. Le 3 février 1721, le marquis P.-J. de Taffanel de La Jonquière épousait Marie-Angélique de La Valette, fille de messire Jacques de La Valette 4, seigneur et baron de Fenouillet en Comminges, et de Marie-Anne-Angélique de Sédillac de Saint- Léonard 5 , qui apportait en dot à son mari la baronnie de Magnas et les seigneuries de Castelnau-d'Arbieu et d'Urdens. Elles tenaient ces fiefs de sa grand mère, Marie de Magnas 6, qui les vait portés dans la maison de Sédillac, le 19 janvier 1689,par son mariage avec Louis Léger de Sédillac, marquis de Saint-Léonard.

    Par cette union, M. de La Jonquière prenait le titre de baron de Magnas, de seigneur de Castelnau-d'Arbieu et d'Urdens, et s'alliait avec les grandes familles de la Gascogne: les Montesquiou, les Luppé, les Galard, les Saint-Géry, les Montaut, les Noé, les Lacarre, etc. Après quelques mois passés dans sa nouvelle famille, M.de La Jonquière alla avec sa femme habiter Brest où se trouvait son escadre commandée par Duguay-Trouin. Il y reçut, le 23 décembre de cette même année, son brevet de chevalier, de Saint-Louis.

    Cinq ans s'écoulèrent dans l'inactivité de la paix. M. et Mme de La Jonquière vinrent passer, soit à Magnas, soit à Lectoure, tout le temps; que les nécessités du service ne le retenaient pas à Brest. A cette époque, Lectoure était le rendez-vous de toute la haute société de la Lomagne. Les grandes familles du pays s'y donnaient rendez-vous dans leurs somptueux hôtels, durant plusieurs mois de l'année, pour s'amuser, comme c'était la mode. Les jouissances du luxe, les raffinements de la volupté des cours de Louis XIV et de Louis XV avaient pénétré la noblesse et la bourgeoisie de province et implanté dans les mœurs toutes les délicatesses, toutes les grâces, mais aussi tous les désordres. Aussi Châteaubriand, dans ses mémoires littéraires, a-t-il pu dire avec raison que ce fut (à ce point de vue) l'époque la plus " misérable de notre histoire ». On s'amusait. Mais si la frivolité demeurait le vice dominant et général, il était cependant de nobles et grandes exceptions dans la marine, dans l'armée, dans les sciences, les lettres et les arts.

    Le 8 octobre 1726, le marquis de La Jonquière demanda au roi d'armer à ses frais deux frégates, la Thétis et la Vénus, et une corvette, le Cupidon, pour faire la course contre les forbans et les interlopes, si préjudiciables au commerce de la France. L'autorisation royale lui fut accordée cinq jours après. Il appareilla au mois de mai suivant. A la fin de l'année il avait capturé deux bâtiments anglais et quinze corsaires. La valeur de ces prises, estimées 100.000 écus, lui fut contestée par le conseil supérieur. M. de La Jonquière donna en cette circonstance la mesure de sa fierté et de son désintéressement : Il offrit de tout abandonner pour le compte de Sa " Majesté, étant mû moins par l'intérêt que par émulation pour « le service. » Mais un arrêt souverain lui rendit justice. Le ministère du cardinal Fleury venait d'inaugurer une politique bien préjudiciable aux intérêts coloniaux de la France. Son économie, poussée jusqu'à l'avarice, le poussa à refuser les crédits nécessaires à la marine il laissa dépérir la flotte, dont plusieurs équipages furent licenciés. Inlassable dans sa dévorante activité, M. de La Jonquière occupa par l'étude les loisirs que lui laissait la vie des ports de mer. Il rédigea un long mémoire, daté du 5 août 1727 et conservé aux archives de la Marine, sur les avantages que la France retirerait de la colonisation de l'île Sainte-Lucie. Entre temps, il faisait de fréquents voyages en Gascogne, où il s'occupait de la culture et de l'embellissement de ses vastes propriétés de Magnas et de Castelnau-d'Arbieu. On voit encore dans le parc de Magnas les superbes lianes qu'il rapporta de la Louisiane, Ces curieuses plantes s'enroulent autour des chênes séculaires, grimpent jusqu' à leur cime, tombent à terre pour s'élancer de nouveau, retomber encore et enlacer ainsi plusieurs fois la tige et les branches des arbres qui les soutiennent.

    Le 1er octobre 1731, M. de La Jonquière était nommé capitaine de vaisseau. Le 1er mars 1741, inspecteur général des flottes de Sa Majesté. Le 1er juin 1742, le Roi lui accordait une pension de 1.000 livres qui fut bientôt élevée à 1.500. Il obtint encore 1.500 livres sur Saint-Louis, et 2.000 livres de haute-paye eh récompense de ses services. La guerre de la succession d'Autriche éclate en 1742 entre la France et l'Espagne, d'une part, l'Angleterre et l' Autriche, de l'autre. Le 22 février 1744, la flotte franco-espagnole attaquait l'escadre anglaise près de Toulon. Si la bataille resta indécise, elle eut du moins pour résultât de mettre les Anglais hors d'état de continuer la lutte. Dans ce combat, M. de La Jonquière montait le Terrible, qui lutta contre trois vaisseaux anglais, les uns après les autres; il tira près de sept cents coups de canon en deux heures et demie, dit de Lage de Cueilly 7, qui a raconté le combat de Toulon auquel il assista comme capitaine du vaisseau amiral espagnol. Après ce brillant fait d'armes, trois escadres furent formées à Toulon. M. de La Jonquière fut nommé chef de l'escadre composée du Terrible, du Léopard, du Borée, de l'Alcyon et de la frégate l’Atalante. Il mit à la voile le 22 août 1744 et partit en croisière pour protéger les navires marchands de France et d'Espagne contre les vaisseaux anglais. Le 1er avril 1746, le chef d'escadre de La Jonquière était nommé gouverneur général de la Nouvelle-France. C'était à la veille même du mariage de sa fille unique Jacquette-Marguerite 8 avec Jacques-Roger, marquis de Noé, vicomte d'Estancardon, capitaine de cavalerie, fils de Marc-Roger de Noé et de Charlotte de Colbert. Les mariage fut célébré le 5 avril à Roquefort. Le 22 juin suivant, le nouveau gouverneur du Canada quittait la rade de l'île d'Aix et faisait voile vers l'Amérique, à la tête; d'une escadre qui comptait dix vaisseaux de ligne, cinq frégates, trente-cinq navires marchands, sept, cents, canons et quatre mille six cent quatre-vingt-dix hommes d'équipage.

    Mais de violentes tempêtes assaillirent la flotte, une épidémie se déclara parmi les matelots et fit deux mille quatre cents: victimes alors qu'on n'avait pas encore fait la moitié du chemin. Il fallut reprendre la route de France avec le débris de l'escadre; seuls quelques navires chargés de provisions purent aborder au Canada. Ni M. de La Jonquière, ni le ministre, M. de Maurepas, ne furent découragés par cet échec : « Quand les événements commandent, ils peuvent bien diminuer la gloire des chefs, mais ils ne diminuent ni leurs travaux ni leurs mérites 9 », furent les paroles qui accueillirent le chef d'escadre quand il se présenta devant le ministre c'est dire qu’il fut accueilli avec tous les égards dus au malheur.

    Une nouvelle escadre fut armée: elle se composait seulement de trois vaisseaux, une frégate, un gros vaisseau et quelques navires de transport. M. de La Jonquière en prit le commandement suivant le brevet que voici :

    A Monsieur le marquis de La Jonquière, gouverneur et mon lieutenant-général de la Nouvelle-France.

    MONSIEUR LE MARQUIS DE LA JONQUIERE,

    Comme pour passer au gouvernement de la Nouvelle-France que je vous ai confié vous devez embarquer sur mon vaisseau le Sérieux, que j'ai destiné pour le Canada avec mes vaisseaux le Diamant, le Rubis, mes frégates la Gloire et l’Émeraude et plusieurs navires de transport, mon intention est qu’en votre qualité de chef d'escadre vous preniez le commandement de tous ces vaisseaux à l'île d'Aix, où ils doivent être rassemblés, pour les conduire à leur destination dont je vous ai déjà plus précisément informé. A votre arrivée à Québec, vous vous conformerez à ce que je vous prescris par une instruction particulière que je vous ai fait expédier sur cet objet, et la présente, n'étant à autre fin, je prie Dieu qu'il vous ait,M. le marquis de La. Jonquière, en sa sainte garde.

    Écrit à Versailles, le 27 mars 1747. Contre signé : PHELIPPEAUX. Signé: LOUIS.

    Encore cette fois, le succès ne répondit point au courage des marins et de leur vaillant chef. La petite escadre parfit de l'île d'Aix le 10 mai. Le 14, à la hauteur du Cap-Finistère, une flotte anglaise, forte de quatorze vaisseaux de guerre et commandée par l'amiral Auson, se mit à la poursuite des Français. Tous les historiens ont raconté le combat naval du Cap-Finistère et rendu hommage à la bravoure dont firent preuve; nos marins. Mais comment résister dans une lutte de dix contre un. Le vaisseau le Sérieux, monté par M. de La Jonquière, se défendit au canon et à la mousquéterie des deux côtés, avec deux, trois et cinq vaisseaux. Les Anglais n'en eurent raison qu'après cinq heures d'un combat meurtrier. Les vergues, la mâture, les voiles furent hachées, cent vingt-trois hommes tués, quatre-vingt-douze blessés, parmi lesquels M. de La Jonquière, frappé par une balle dé fusil qui lui traversa le cou et l'étendit sans connaissance sur le gaillard d'arrière. Tous les autres navires avaient été également maltraités et s'étaient aussi vaillamment défendus. Mais accablés par le nombre, ils durent amener leur pavillon. Cette vaillante défense sauva, du moins la flotte marchande. Des vingt-cinq navires chargés de provisions pour le Canada, deux furent pris, les autres parvinrent à leur destination. Les ennemis payèrent chèrement leur victoire; sept de leurs vaisseaux furent obligés de rentrer à Portsmouth pour se réparer. Nous, perdîmes sept cents hommes, ils en perdirent cinq cents. Peu s'en fallut que le délabrement des vaisseaux français ne privât les Anglais de la satisfaction de les mener en Angleterre.

    Les débris de notre escadre et leur équipage furent traînés à Portsmouth. Ce fut de là que le marquis de La Jonquière adressa, le 28 mai 1747, au ministre de la Marine, un long mémoire qui finit par ces mots : Tout ce que je puis vous assurer, Monseigneur, c'est que ma blessure n'égalera jamais les souffrances que j'ai du triste sort que les armes de Sa Majesté ont essuyé, je vous supplie d'en être convaincu, et que mon zèle ne finira qu'avec ma vie. » Dans ce combat », dit Henri Rivière, " M. de La Jonquière « avait conservé la plus grande liberté d'esprit et, se battant au « Cap-Finistère comme on se battait à Fontenoy, il dit, avec " une élégante politesse, à l'amiral Auson en lui présentant son épée et en lui montrant la Gloire et l'Invincible : ce Monsieur, vous avez, vaincu l'Invincible, la Gloire vous suit. » Comme François Ier après Pavie, La Jonquière pouvait dire : " Tout est, perdu fors l'honneur. J'ai plustôt esleu honneste ce prison que honteuse fuite. » Voltaire, contemporain, de ces événements, apprécie ainsi le combat du Cap-Finistère, dans son précis du siècle de Louis XV : « Cette victoire des Anglais était plus utile qu'étonnante : les " amiraux Auson et Warren avaient dix-sept vaisseaux de guerre "contre six vaisseaux du roi, dont le meilleur ne valait pas, pour la construction, le moindre, navire de la flotte anglaise. Ce qu'il y avait de surprenant, c'est que le marquis de La Jonquière, « chef de cette escadre, eût soutenu longtemps le combat et ce donné encore à un convoi le temps de s'échapper. » On fit sur ce fait d'armes les vers suivants : Contre le fer, le feu, l'orage, Contre l'adresse, la force, la rage Du peuple, anglais rassemblés sur les eaux, Neptune et le Dieu de la guerre ont illustré sur nos vaisseaux Le nom du brave La Jonquière. Cherche-t-on son pareil entre tant d'amiraux français et d'escadre étrangère ?

    La captivité de M. de La Jonquière dura autant que la guerre. Malgré d'activés démarches, les Anglais refusèrent son échange, ce peu soucieux de rendre la liberté à un marin qui leur avait ce porté de si terribles coups ». Il ne put rentrer en France que lorsque la paix fut signée à Aix-la-Chapelle, le 18 août 1748. Avant de rejoindre son foyer, il se rendit à Versailles afin de préparer avec le ministre son départ pour le Canada. Les archives de la famille de La Jonquière possèdent quelques lettres qu'il écrivit à sa femme, à Magnas. S'il est vrai que les lettres révèlent l'âme et laissent pénétrer dans l'intimité de ceux qui les écrivent, ces quelques lambeaux, sauvés d'une correspondance qui eût été précieuse à tant de titres, nous permettent d'apprécier le caractère actif et loyal de notre héros et les tendresses de son cœur d'époux et de père.

    Versailles, 26 novembre; 1748.

    J'arrive ici à midi, ma très chère femme, en parfaite santé, sans avoir passé à Paris, parce que cela m'aurait empêché de voir aussitôt le ministre qui m'a fort bien reçu et m'a prié à souper chez lui ce soir. J'ai vu aussi M. de Maurepas. Je serai présenté au Roy demain ou après-demain.


    Versailles, 1er décembre.


    Je suis venu de Versailles après avoir fait, la révérence: au Roy. Le prince Édouard a beaucoup fait parler de lui dans cette ville où il a bien des partisans. On croit que le Roy a envoyé un courrier pour engager le père du prétendant à lui donner ordre de quitter le royaume. C'est Desherbiers qui va gouverner à l'île Royale. On a voulu m'engager d'aller prendre possession dé Louisbourg.


    Versailles, 9 décembre.


    Je vois ma très chère épouse, par la lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire, l'amitié et les tendres sentiments que vous me témoignez, dont je vous remercie de tout mon cœur, vous assurant que ceux que j'ai pour vous ne sont pas moins vifs ni moins réels pour tout ce qui vous regarde, soyez en bien persuadée, je vous prie, et qu'il ne tiendra, pas à moi que je vous eu aille donner de nouvelles preuves avant mon départ pour le Canada. Mes compliments à M. et à Mlle de Narbonne 10 Je suis retenu dans ma chambre depuis huit jours par une petite attaque de goutte au gros doigt du pied et par un rhume.


    16 décembre


    Je ne suis sorti de ma chambre que depuis avant-hier avec mon neveu11 qui est ici depuis vendredi. Le prince Édouard est parti depuis hier de Vincennes. J'ai acheté aujourd'hui une peau de loutre pour Mme Lalo, que son mari m'a demandée pour elle. Bien des respects à M. l'évêque, mes compliments à nos curés 12.


    23 décembre.


    Le sieur d'Argellès a été relâché de la prison où il était et on l'a embarqué sur un vaisseau qui doit aller à Bordeaux; il y aura bien des rieurs attrapés à son arrivée. L'infante 13 arrivera à Versailles le 31 de ce mois ; le roi ira l'attendre à Choisy. Mon neveu vous fait bien ses compliments.


    Paris. 12 janvier 1749.


    J'ai reçu avec bien du plaisir, ma très chère femme, la lettre que vous m'avez écrite le 2 de ce mois par laquelle je vois la bonté que, toute la bonne compagnie de Lectoure me témoigne, vous priant vouloir bien faire à tous des compliments de ma part, surtout à Mr l'évêque et à sa soeur. Je remercie toute la famille de Saint-Géry 14 d'avoir bu à ma santé.


    Paris, 19 janvier.


    J'arrive de Versailles n'étant pas plus avancé pour mes affaires que le jour de mon arrivée. Le ministre n'ayant, pas travaillé; avec le Roy depuis bien longtemps ; ainsi point de promotion ni rien de décidé pour les affaires du Canada, pas même le vaisseau nommé ni par conséquent le capitaine.


    Paris, 9 février.


    On me fait observer que mes affaires seront finies ici dans une quinzaine de jours. Dieu le veuille. Mon neveu partira mardi sans faute pour aller à Rochefort avec Courcy, dans un phaéton à deux places et en poste. Lacarry 15 a écrit à mon neveu qu'il serait bien aise d'être en second avec lui.


    Paris, 15 février 1749.


    Je suis fort aise, ma très chère épouse, que vous soyez contente de la robe que je vous ai envoyée. Elle m'a paru assez jolie. Je compte en acheter une pareille pour ma fille, marquez-moi la quantité qu'elle en veut pour robe et jupon, et la couleur du fond. Je vais demain à Versailles pour presser le ministre de finir mon affaire. S'il y avait de l'argent au trésor de la Marine, je serais expédié depuis longtemps. La réjouissance de la paix s'est faite le lendemain de la proclamation, 13 de ce mois, avec beaucoup de pompe mais fort peu de joie dans le peuple. Dans l'endroit où le feu d'artifice se tira, qui est la place de Grève, il y eut beaucoup de blessés et sept à huit morts, on dit même quinze.


    Paris, 1er mars 1749.


    Mon neveu La Jonquière commande une frégate qui vient avec moi, et Lacarry doit être en second avec lui. Mme de La Rochale m’a fait réponse sur le compliment de condoléance que je lui avais fait sur la mort de son mari,et m'apprend la mort de son fils.


    Paris; le 8 mars.


    Je dois retourner jeudi à Versailles, où on m'a promis de finir toutes mes affaires; si je les ai faites, je prendrai congé du Roy et partirai le plus tôt que je pourrai pour me rendre auprès de vous.


    Paris, 15 mars.


    Mon neveu pourra bien partir avant le Léopard. J'ai été demander à l'hôtel de Pouponne le mantelet de Mme de Castelnau 16.
    À la fin de mars, M. de La Jonquière partait pour Lectoure. Il y séjourna quelques semaines, près de sa femme et de sa fille, puis se rendit à Rochefort où il devait s'embarquer.


    Le 27 mai, il écrivait de cette ville à MMmes de La Jonquière pour leur faire ses adieux : " Ma santé est très bonne, Dieu merci; " je marche cependant avec peine à l'appui de ma canne, allant « faire mes visites en chaise. Nous bûmes à votre santé hier, « chez Mme de Valminière. Je m'embarque demain, si les instructions de d'Aubigny arrivent comme on l'a assuré à la cour ".Québec était la capitale et le siège du Canada, cette terre restée toujours française malgré les vicissitudes des révolutions et de la conquête étrangère.

    Outre les fonctionnaires, presque tous gentilshommes de race, on y comptait une nombreuse aristocratie attachée au sol. Dès l'occupation française, le territoire du Canada avait été divisé en seigneuries ou francs-fiefs concédés par le roi aux colons issus pour la plupart des meilleures familles de France. Ces seigneuries s'élevaient au nombre de deux cent dix.Le marquis de La Jonquière trouva donc au Canada les mœurs de la mère patrie, et, dans ses relations, les nobles manières, la politesse aisée, la franche hospitalité en honneur, à cette époque, dans la haute société. C'était encore la France au-delà des mers, mais non la famille aimée. Il écrit le 19 août 1749 à sa femme : Je vous ai écrit, ma très chère femme, par mon neveu La Jonquière, que j'ai trouvé en rivière allant à l'île Royale. Nous avons mis soixante-quatorze, jours à nous rendre ici, dont trente-deux dans la rivière, contrariés par les vents et la brume. J'ai pris possession de mon gouvernement le 15 de ce mois, au milieu de l'acclamation générale des grands et des petits. Les harangues du clergé et de tous les corps ont fait beaucoup souffrir ma modestie par les belles et magnifiques choses qu'ils m'ont dites, n'aimant pas tant d'encens. Les festins n'ont pas discontinué depuis que je suis ici, surtout chez Mgr l'Évêque qui est l'homme de France le plus poli et le plus aimable 17. J'ai commencé hier à donner à manger à tous les notables de la ville et à leurs femmes; je leur fais grande chère; j'avais trois tables de quarante personnes. J'ai aujourd'hui trente-six couverts pour Messieurs du Conseil supérieur, leurs femmes et tous les capitaines d'infanterie. J'aurai encore une pareille journée cette semaine, pour que tout le monde y passe ensuite, je n'aurai qu'une table de dix-huit couverts tous les jours, soir et matin. Je vous assure que j'aurais été fort aise que vous fussiez venue avec moi et de vous posséder ici si vous " Voulez venir me joindre, l'année qui vient, vous me ferez grand plaisir.


    Le 9 octobre 1719.


    Je profite du départ de mon neveu, qui va désarmer à Rochefort, pour vous donner de mes nouvelles. Je vous assure que si les denrées du pays continuent à être, aussi chères, je ne saurais vivre avec ce que le roi me donne, à moins que je ne me retranche beaucoup j'ai été obligé d'acheter à M. de La Galissonnière des meubles et provisions qui m'étaient indispensables, avec quelques pièces d'argenterie ; le tout se monte à environ 14.000 francs, que je lui ai payés. J'ai fait cadet à l'aiguillette M. Laguiterie, qui n'est pas trop sage ; je l'ai envoyé dans un poste avec un officier à qui je l'ai recommandé.

    Le 6 novembre 1749, envoyant à Mme de La Jonquière et à sa fille douze peaux de martres pour un manchon et une palatine, il écrit : M. Mouisset, procureur du séminaire de Québec, va à Montauban ; il m'a promis de vous aller voir ; s'il le fait, donnez-lui votre soupe. Si vous ne venez, pas me joindre, je vous promets que je ne resterai pas ici aussi longtemps que M. de Maurepas me l'avait demandé, je serais bien fâche d'y rester plus de deux ans. J'envoie à M. Gradix 6703 livres en lettres de change pour payer les provisions que je lui ai demandées. Envoyez-moi quatre douzaines. de cuisses d'oie 18. Si vous venez, apportez dix paires de draps de maître et douze de valet.


    Février 1750.


    Ma santé est très bonne, à un petit rhume près que je garde depuis le commencement de l'hiver; il m'oblige à faire gras quatre jours de la semaine, et je fais collation tous les soirs. Les plaisirs du carnaval n'ont pas été extrêmement vifs ; il n'y a que M. Bigot qui a donné trois grands et beaux bals où toute la ville s'est trouvée ; le dernier fut accompagné d'un magnifique ambigu où il y avait soixante personnes. J'ai donné à dîner et à souper les quatre derniers jours à une vingtaine de personnes, je fis danser jusqu’à deux heures après minuit. Il m’en coûte plus que ce que le Roi me donne, raison qui m'engage à demander plus tôt d'être relevé.


    J'ai trouvé ici, à mon arrivée à Montréal, Beaussier qui vous accompagna chez vous lorsque vous partîtes de Rochefort ; il est renseigne sur le vaisseau qui est parti de Brest pour nous porter l'équipage, du vaisseau que l'on construit ici. J'ai passé deux mois à Montréal, où j'ai travaillé comme un forçat pour faire partir tous les canaux voyageurs qui vont dans tous les postes ; j'ai eu une grande quantité de nations sauvages qui me sont venues voir à cause de mon arrivée dans ce pays ; elles m'ont donné beaucoup d'occupations par leurs demandes continuelles; je les ai renvoyées bien contentes avec les présents ordinaires. Nous avons cependant bien des nations sauvages que les Anglais nous ont débauchées, ce qui nous cause une petite guerre avec ces nations.


    Le 3 octobre 1750.


    Les nations sauvages me donnent bien de la tablature, les Anglais faisant tout ce qu'ils peuvent pour les débaucher et les attirer à eux ; ce qui nous occasionne des petites guerres avec les sauvages et les Anglais... Les Anglais prétendent que la plupart des terres de ce gouvernement leur appartiennent, ce qui nous oblige à de grands mouvements pour conserver nos frontières, à quoi je m'attache particulièrement. Je n'oublierai pas le fils de Mellis19, dont je suis très content. Il semble que tous tes malheurs nous suivent : vous n'avez pas de récolte et moi je dépense plus que le Roi ne me donne. Il m'en a coûté la première année 38.000 francs,, tout pour la table, écurie, gages des domestiques et entretien de mes équipages. Je ne connais plus ce pays, tout étant au feu, hors les marchandises qui viennent de France. Le prix des denrées n'a pas diminué depuis la paix. Je crois que Mme de Beaufort a très mal fait de se remarier ; le cavalier à du mérite, mais pas assez de santé pour elle ni de bien, sans compter le sort qu'elle fait à ses enfants. Complétons les détails de la vie intime par un extrait du livre des dépenses depuis le 18 novembre 1718 au 2 juin 1749 :
    1° Provisions : vins, liqueurs, huiles, farine, épicerie, lard et jambon, bougie, chandelle, beurré, une. vache, graisse, café, sucre, chocolat, confitures, etc. . .... . . . ......... ..... .... ... ... . . ... . 15.134 livres.

    2° Vaisselle d'argent à ses armes . . . . .... . .22.215 id.

    3° Fayence de Moustier ; linge : cent douzaine de serviettes et quatre-vingt-deux nappes, cinquante-sept douzaines de serviettes pour l'office-et-cinquante-quatre nappes, cinquante-deux douzaines de torchons, draps, tabliers de cuisine, glaces, cristaux, fleurs pour te fruit, batterie de cuisine,tapis, costumes de ses douzes gardes, de son secrétaire, de son laquais, quatre harnais de carrosse, couvertures, hamacs,, total de ce chapitre... 29.408 livrés.

    4° Ses hardes et effets : son grand uniforme écarlate, 1051. livres ; un autre bleu, 576 livres ; toile pour chemises, bas dé soie, mouchoirs, une tabatière d'or de 400 livres, lunettes, une montre d'or de 400 livres pour sa fille, des objets de toilette pour sa femme, total de ce chapitré ..... ... . 5.34l livres.

    5° Séjour à Paris; voyages à Paris et à Rochefort, gages, nourriture de douze domestiques, etc., total. ... . ....... . .... ..... . 17.648 livres.

    Le tout s’élevant au chiffre de 67.532 livres.

    Le nouveau gouverneur arrivait à une heure difficile. Quoique la paix fût signée avec les Anglais, ceux-ci, dans leur insatiable cupidité, cherchaient à nous supplanter dans nos colonies et à ruiner notre commerce : ils corrompaient par l'eau-de-vie autant que par l'argent les peuplades sauvages, les poussaient à la révolte et à de continuelles invasions sur notre territoire. Son premier soin lut de fortifier les postes qui s'étendaient sur les limites de nos possessions ; il en créa de nouveaux pour faciliter aux sauvages l'échange des pelleteries contre les marchandises françaises.

    Il s'occupa ensuite de la colonisation dès terres si fertiles et pourtant si incultes du détroit. Par un édit, en date du 21 janvier 1750, il accordait des instruments d'agriculture, une vache, un boeuf, un fusil, de la poudre et certains autres avantages aux familles qui iraient s'établir dans les concessions offertes par le Gouvernement français. Il secondait en même temps les efforts et le zèle des missionnaires catholiques qu'il considérait, avec raison, comme les meilleurs, auxiliaires pour étendre l'influence française. Les concessions situées entre les lacs Ontario et Huron étaient plus que les autres en butte aux agressions des sauvages et des Anglais; il établit un poste pour les défendre, sur la rivière de Toronto, qu'il confia au chevalier de Forneuf. Celui-ci, accompagné d'un sergent et de quatre soldats, construisit avec des pieux et de la terre un petit fort et une maison. Ce fut le berceau de la ville de Toronto, fondée le 20 mai 1750, qui compte aujourd'hui plus de quatre-vingt-cinq mille habitants, Il favorisa le commerce en amoindrissant autant qu'il le put les privilèges injustifiés accordés aux grandes compagnies au détriment du commerce particulier.

    Mais il avait à lutter contre les fausses idées économiques du temps et contre le système de prohibition qui furent la cause de notre décadence commerciale au XVIIIe siècle. Il s'appliqua à prévenir les surprises d'une guerre dont l'éventualité perçait à l'horizon. L'effectif des troupes, qui n'était que de cinq cents, hommes, fût élevé à deux mille, et, comme ce chiffre ne lui paraissait pas encore suffisant pour la défense d'un si vaste territoire, il fonda les milices composées de sauvages enrôlés et commandés par des chefs tirés des troupes régulières. Québec et Montréal lui doivent les superbes casernes qui subsistent encore. En récompense de tant de services, le roi lui accorda le cordon rouge, le 15 avril 1750.

    Mais, cette étonnante activité de M. de La Jonquière, son énergique vigueur, sa droiture, vinrent se briser contre les intrigues de la jalousie et de la cupidité de certains Français, ceux-là même qui, par devoir d'état autant que par patriotisme, auraient dû le seconder 20. Sa conscience était sans reproche, il méprisa les attaques de la calomnie, il ne prit pas même la peine de se défendre contré d'ignobles factums ; alors que tant d'autres autour de lui couraient après l'argent et les honneurs, lui ne recherchait que l'honneur. Cependant, écœuré et quelque peu découragé, il écrivit au ministre des colonies pour demander son rappel en France. Les fatigues d'une administration si pénible, les rigueurs d'un climat excessif eurent bien vite fait d'épuiser la santé de M. de La Jonquière, déjà si compromise par tant de campagnes et de travaux. Mais un homme de cette trempe ne pouvait, attendre la mort que debout, sur la brèche. Elle vint après neuf mois de souffrances, le 17 mars 1752. « Il fut excessivement regretté », écrivait, le baron de Longueil, gouverneur provisoire, dans une lettre adressée au ministre de la Marine, " je dois à la mémoire de M. de La Jonquière ajoutait-il qu’il n’a pas eu d’autre pensée que de rétablir le bon ordre chez les nations qui nous causent de si grands troubles. Je rends témoignage que tout ce qui a été écrit contre lui est l’œuvre de la calomnie, seul talent de certains esprits méchants de ce pays, que je vous supplie, « Monseigneur, d'accueillir avec le châtiment dû à leur audace. »

    Sa mort fut celle d'un brave et d'un chrétien. Il fut enseveli dans l'église des Récollets, entre ses deux prédécesseurs, MM. de Frontenac et de Vaudreuil. On grava sur son tombeau l'inscription suivante : Cy repose le corps de messire Jacques-Pierre de Taffanel, marquis de La Jonquière, baron de Castelnau, seigneur de Magnas et autres lieux, chef d'escadre des armées navales, gouverneur et lieutenant général pour le Roy en toute la Nouvelle- France, terres et passes de la Louisiane, décédé à Québec, le 17 mars 1752, à six heures et demie du soir, âgé de soixante-sept ans.

    Par son testament du 13 février 1752, le marquis de La Jonquière légua 100 livres à chacune des communautés religieuses de Québec, de Montréal et des Trois-Rivières : les Ursulines, les Hospitaliers, l'Hôpital général; 100 livres également aux pauvres de sa paroisse, et 300 francs de messes. Il désigna pour exécuteur testamentaire son neveu l'abbé de Taffanel de La Jonquière, doyen de la cathédrale. Il fut payé au chirurgien major M. Feltz, qui l'avait soigné, 2268 livres; 331 livres à M. Brian, chirurgien; 1.700 livres aux Récollets, pour son enterrement, et 1274 livres pour son anniversaire. Les meubles furent vendus, partie de gré à gré, partie à l'encan, par son homme de confiance et maître d'hôtel, Capelan. Ils produisirent 60.000 livres. — L'exécuteur testamentaire paya 111.000 livres de dettes ou frais de toute sorte. La fortune personnelle de M. de La Jonquière fut entièrement absorbée par les immenses dépenses faites en vue de prendre possession de son gouvernement du Canada, en 1747 et en 1749. Il ne resta à sa veuve que ses reprises personnelles sur Magnas, Castelnau-d'Arbieu et Urdens. Le roi lui accorda une rente viagère de 1.500 livres dont elle ne jouit pas longtemps; elle mourut au mois de février 1754.

    Mme de La Jonquière ne reçut de Québec, comme souvenir de son mari, que quelques objets mobiliers, des papiers et un petit négrillon que le gouverneur avait adopté. Un heureux hasard ayant fait tomber dans nos mains un registre du secrétariat de l'évêché de Lectoure sous l'épiscopat de Mgr de Narbonne-Pélet, nous y avons trouvé l'acte de baptême de ce jeune sauvage. Nous le transcrivons. Ce sera l'épilogue de cette notice Du 24 février 1753. — Cejourd'hui, jour et fête de S. Martin, apôtre, trois heures de: l'après-midi, Mgr l'Evêque à la tête du clergé de sa cathédrale administra le sacrement de baptême, à un sauvage, né au Canada, et que feu M. le marquis de La Jonquière, qui en était vice-roy, envoya dans cette ville, , l'ayant fortement recommandé à Mme son épouse et aujourd'hui sa veuve, de même qu'à Mme la marquise de Noé, sa fille unique. Cet enfant, âgé/ d'environ huit à neuf ans, ayant été cy-devant bien instruit par un ecclésiastique de cette ville, examiné par Monseigneur. Cette cérémonie s'est faite/ aujourd'hui avec tout l'éclat et la solennité, possibles; elle fut annoncée le dimanche précédent par MM. les curés de Saint-Gervais et du Saint-Esprit, à leur messe paroissiale, aussi jamais n'avait-on vu autant de mondé dans l'église Saint-Gervais. Le dit sauvage fut présenté aux fonts baptismaux par M. le marquis de Narbonne-Pelet, neveu de Monseigneur, et par Mme la marquise de Noé, parrin et marrine. A l'issue de la cérémonie, Mgr monta en chaire et fit à ce sujet un discours aussi solide que touchant, et parla environ trois petits quarts d'heure. On assure qu'on n'avait jamais vu pareil événement dans cette ville. Le nom du sauvage est aujourd'hui Jean-Denis, qui est celui de son parrin. Cet enfant portera pendant neuf jours la robe blanche. — Signé . SOLIRÈNE, secrétaire.

    - Pierre-Jacques de TAFFANEL

    RENVOIS DE NOTES

     

    1- Le chef d'escadre, marquis de La Jonquière. gouverneur général de la Nouvelle- France et du Canada, de 1749 à 1752, par le marquis de LA JONQUIÈRE. Un vol. in-l2, Paris, Garnier frères.

     2 - Les armes des Taffanel de La Jonquière sont : d'argent, à la fasce de gueules. Le voyageur suédois Kalm a donné le portrait du marquis de La Jonquière : « C'était « un homme de haute taille, d'un aspect imposant: il paraît âgé de soixante ans... « C'est un des trois gentilshommes qui, par-dessus tous les autres, se sont acquis une " haute réputation dans l'amirauté française... »

     3 - Antoine de Crozat, marquis du Chatel, né à Toulouse en 1655. le plus fameux financier du règne de Louis XIV. Il obtint en 1712 le privilège du commerce de la Louisiane. La géographie qui porte son nom fut composée, pour sa fille, par l'abbé Le François. Son fils, Joseph-Antoine, conseiller au parlement de Toulouse, futur antiquaire distingué.

    4 - Jacques de La Valette, baron de Fenouillet en Comminges, fut maintenu dans sa noblesse par.M. Le pelletier, intendant de la généralité de Montauban, le 1er avril 1759. Armes des La Valette: Ecartelé au 1er et 4e d'azur, à la croix alisée d'argent, au chef cousu de gueules ; au 2e et 3e au lion d'or issant de la bande.

    5 - Marie-Angélique, de Sédillac de Saint-Léonard, fille héritière et bénéficiaire de Jean-Baptiste de Sédillac, marquis de Saint-Léonard, conseiller au parlement de Tou- louse, dame seigneuresse de Magnas, Castelnau, Urdens et autres places. Le mandement de la taille de la communauté de Castelnau-d'Arbieu, fait le 29 novembre 1739, porte : a Marie-Angélique de Valette, espouse de messire Pierre-Jacques de La Jonquière, capitaine de vaisseau du roy, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, «co-seigneuresse dudit lieu, possède et jouit en biens ruraux 70 concades 4 places «18 escats; argent 73 livres 14 sols ".

     6 - Marie de Magnas, fille de Jean de Saint-Géry, dit le baron de Maignas, seigneur de LaMothe et Urdens, et de Marguerite de Montesquiou.

    7 - Le combat de Toulon, Amsterdam, 1746.

    8 - Jacquette-Marguerite de La Jonquière, marquise de Noé, mourut vers 1774 et laissa Magnas et les fiefs de Castelnau et Urdens à sa fille Charlotte-Louise-Pétronille, mariée avec son cousin Louis-Pantaléon, comte de Noé. Elle lègue 50 livres aux pauvres de Castelnau et 50 livres à ceux de Magnas.  

    9- Henri RIVIERE, La marine française.

     10 - Mgr de Narbonne-Pelet, évêque de Lectoure, et sa sœur.

      11 - De Taffanel de La Jonquière, capitaine de vaisseau.  

    12-  Les curés de.Lectoure, de Saint-Clar, de Magnas et de Castelnau-d'Arlieu,com- mensaux habituels du château de Magnas.

     13 - Louise-Elisabeth de France, mariée à l'infant don Philippe, duc de Parme.

     

    14 -  La famille de Saint-Géry, une des plus anciennes familles de la Lomagne, possédait de vastes domaines dans le Lectourois, l'Agenais, le Fezensaguet et le comté de Gaure. Une alliance avec les Galard de l'Isle-Bouzon lui avait apporté, au XIVe siècle, la baronnie de Magnas, qui passa en 1689 aux Saint-Léonard, puis aux La Valette, La Jonquière, Noé, et revint en 1785 à la famille de-Galard, qui la possède encore aujourd'hui. Le château et la seigneurie : de La Mothe, dans la juridiction de Magnas, restèrent la propriété de la famille de Saint-Géry jusqu'au commencement de ce siècle et furent acquises par le marquis Charles de Galard"Magnas/ Les armes des. Saint-Géry sont : d'or à la croix de gueules. Devise : In hoc signo vinces.

     15 - Joseph Lacarry. chevalier de Saint-Louis, lieutenant général dans la Marine, neveu de Mme de L'a Jonquière. Une famille de Lacarry s'établit à Lectoure vers 1480. Voir d'intéressants détails sur les Lacarry : De GALARD, l'Administration provinciale d'Auch, pp. 501 et suiv. — Revue de Gascogne, XXVII, p. 222.  

    16 -  Mme Anne-Marguerite de Saint-Martin, veuve de messire Jean-Vincent de Montant, co-seigneur de Castelnau-d'Arbieu et de Quinsac, mère de Armand de Montaut, baron, de Castelnau et de Quinsac, sieur au droit de son épouse à la baronnie de. Saint-Julien- le-Faucon, seigneur et patron de Grand-Change, etc., chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment de cavalerie Royal-Piémont, lieutenant général pour Sa Majesté au gouvernement de Normandie. La seigneurie de Castelnau était pour un tiers aux Galard, aux Montant et aux La Jonquière. Mme de Castelnau se retira, après la Révolution, dans le village de Castelnau et y mourut obscurément en 1804. (Arch. part.)  

    17 - Mgr du Breuil de Pontbriand, mort à Montréal en 1760.

     

    18 - L'exquise réputation des cuisses d'oie de Gascogne n'est pas d'hier. Le 6 janvier 1661, l'abbé de Caignols en envoie deux barils à Colbert et quatre au cardinal pour reconnaître des services rendus à son abbaye. (Le Chef d'Escadre..., note.)

     19 -  La famille de Mellis, originaire de l'Ariégeois, vint s'établir en Gaascogne à la fin du XVIe siècle. En 1593, Pierre de Mellis épousa, à La Sauvetat, Jeanne de Vignaùx, et, en 1605, vint se fixer a.Fleurance où il acquit l'office de trésorier du comté de Gaure. Antoine de Mellis, dont il est question dans cette lettre, était, né à Fleurance, le 12 avril 1727 ; il s'embarqua à Auvillars, avec M. de la Jonquière, le 28 mars 1717, et assista à la bataille navale du Cap.Finistère où il fut fait prisonnier avec toute la flotte et mené à Winchester. Libéré, il passa au Canada. Deux ans après la mort de M, dé la Jonquière, en 1754, il arrive de Québec à Fleurance ; le 17 février 1755, il part pour Paris et revient au Canada où il tient la charge d'écrivain du. Roy à la construction des vaisseaux ; il y demeure jusqu'à la prisé du pays par les Anglais, en 1759. Le 22 janvier 1766, A. de Mellis s'embarqua pour Cayenne en qualité de sous- commissaire de la Marine ; en 1775, il est nommé commissaire aux îles de France et de Bourbon ; en 1779, il est commissaire général intendant de l'Ile-de-France. Il revint à Fleurance le 4 décembre; 1784, où il mourut quelques années âpres la Révolution,Extrait du livre de raison de Jean de Mollis, sur Antoine de Mellis son fils.« Toinon est parti avec moi le 22 mars 1747 pour aller à Magnas, et le 23, jour de « jeudi, nous sommes: partis pour Auvillars et nous avons dîné avec M. de la Jonquière « chez M. de Boulogne, contrôleur général des finances, et ensuite M. de la Jonquière " s'est embarqué avec mon fils Toinon dont il a bien voulu se charger en lui donnant « quelque emploi dans le Canada ou il commande, et auquel je remis, le 19 du dit, « trois cents livres, en présence de M. de la Jonquière, pour habiller mon fils, et le « restant pour son voyage.. « Mon fils a été équipé de linge et vêtements et un porte-manteau neuf avec quatre «paires souliers neufs et les deux ou trois autres paires semelés. A mon retour, j'ai été " passer le 24 la journée chez Mme de la Jonquière. Fait à Fleurance, le 24 mars, 1747. « Mon fils est parti pour le Canada le 25, il est allé coucher à Agen et s'est embarqué « à Rochefort le 23 mai 1747. Je lui ai donné cinquante paires, de bas de soye, un « habit de drap d'Elbeuf, avec une veste de...... fort et une culotte noire et un autre «habit de drap complet, et plus un habit de camelot avec une veste, et une veste de « toile de Laval, et une brosse pour les cheveux, redingote neuve et bien équipé, deux " paires draps, huit serviettes, le tout va à près de mille livres. » (Archives du château de Bivès.)

     20 - Nous ne pouvons que résumer très succinctement les principaux actes de l’administration du marquis de La Jonquière au Canada. On consultera avec intérêt les ouvrages de l'époque : MONTCALM, Journal ; KALM, Voyage en Amérique ; POUCHOT, Mémoires, et, plus récents, les livres de M. H. RIVIERE, Histoire de la  marine, et le Mis DE LA JONQUIÈRE, Le chef d'escadre, etc. Ce dernier nous a particulièrement servi dans cette étude. Cf. chapitres XVI à XXIV.

     


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    PHENOMENES DE LA NATURE à GRAULHET

    LA DEPECHE DU 2 février 1973

     

     LA DEPECHE DU 18 MAI 1972

     

    LA DEPECHE DU 3 OCTOBRE 1969

     


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  •  L'AURORE SOCIALE - LA COOP - LA SUPER COOP : LES PHOTOS INÉDITES - LA VENUE DU MINISTRE RAMADIER POUR LES 30 ANS DE L'EPICERIE

    L' Aurore Sociale à Graulhet

    - L'Aurore Sociale - La Coop - La Super Coop

    par Eric BRUGUIERE

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    Graulhet est une ville ou l'enracinement mutualiste est ancien et fortement implanté. Cela témoigne de notions de solidarité, d'entraide et de générosité mais aussi des difficultés auxquelles les graulhétois ont sans doute toujours dû faire face. De nombreuses sociétés mutualistes héritées du Moyen-âge subsistent à Graulhet malgré l'essai de regrouper ces diverses sociétés en une seule, sous le second Empire. Les tanneurs par exemple garderons longtemps celle de Saint-Crépin.

    Avec l'autorisation de créer des syndicats, les ouvriers vont pouvoir défendre leurs intérêts face aux patrons. Mais à Graulhet le Syndicat des ouvriers mégissiers ne veut pas se contenter de cela et il va chercher d'autres moyens pour améliorer la vie des ouvriers. Dans le domaine de la consommation, le syndicat chercha toute les possibilités pour aider les ouvriers à obtenir des produits à moindre coût.

    Ainsi, dès novembre 1888, le syndicat organisa un débit de vin en gros pour tous ses membres. Ce débit fonctionna jusqu'en 1898. Le même principe fut mis en place en septembre 1892 avec la création d'une coopérative de panification. Cela permis au syndicat de procurer du pain aux ouvriers mégissiers à des prix inférieurs à ceux des boulangeries de la ville. Mais surtout en août 1891, l'union fédérative des syndicats de la ville établit une épicerie coopérative pour tous les ouvriers membres de ces syndicats, ce qui permettait à pratiquement tous les ouvriers (mégissiers on non) d'avoir des produits de consommation aux meilleurs tarifs.

    Mais l'interdiction du syndicat par le Préfet en 1898 fit perdre toutes ces structures coopératives qui furent fermées administrativement puisque dépendantes du syndicat. Après la création du nouveau Syndicat des ouvriers moutonniers qui vint quasi immédiatement remplacer celui des mégissiers, l'axe de ce syndicat fut dirigé vers l'aide aux chômeurs, aux vieux travailleurs, aux autres syndicats en lutte et aux coopératives extérieures à la localité (prêts à la verrerie ouvrière d'Albi, imprimerie ouvrière de Carmaux...). Cela passa également par la mise en place d'une bibliothèque et d'une caisse de grève.[1]

    Aussi, lorsque la longue grève de 1909-1910 éclate, le syndicat est contraint de mettre en place des mesures d'urgences que les coopératives ne peuvent plus assurer. On créé des soupes communistes et on contracte des prêts chez les boulangers et épiciers de la ville. Preuve que ceux-ci n'avaient pas dû voir d'un bon œil les premières coopératives, le comité de grève est obligé vers la fin de la grève de menacer ces commerçants de recréer une coopérative lorsque ceux-ci refusent un nouvel emprunt.[2]

    Il faudra attendre le remboursement des dettes par le syndicat, puis la fin de la Grande Guerre pour revoir germer l'idée d'une coopérative de consommation. En effet, après les rudes années de guerre, les ouvriers graulhétois de retour des tranchées se retrouvent dans une grande misère du fait de la crise économique qui survient pour plusieurs années dans le secteur du cuir. Le climat général révolutionnaire et les grèves nationale de 1920 favorisent un renouveau syndical fluctuant. Et les difficultés économiques amènent le Syndicat des ouvriers moutonniers avec Henri Mérou a créer une société coopérative de consommation en octobre 1920. Elle prend le nom d'Aurore sociale, à l'identique de celle existant à Albi depuis 1902, dont elle prend les statuts. En quelques semaines, la création de cette coopérative permit de faire baisser le prix des denrées de premières nécessités. [3]

     
    [1] AD Tarn 13M11 et 13M12 in Monique Bermond « Syndicalisme et Mouvements Ouvriers à Graulhet 1880-1914 » Mémoire de Maitrise UTM 1973

    [2] Eric Bruguiere « 1909-1910 La Grande Grève des Ouvriers Moutonniers de Graulhet » MSG imprimerie 34 2011

    [3] AS CGT 1920 in Eric Bruguière « Les Ouvriers du Cuirs à Graulhet 1914-1944 » Mémoire de Maitrise UTM 1994

    Le livret de sociétaire 

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     Merci à Eric BRUGUIERE

     

     

    A Albi l'Aurore Sociale... 

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    A Albi l'Aurore Sociale...

    Elle se trouve au 153 de la route de Cordes, devenue avenue Dembourg du nom de la bienfaitrice de la Verrerie Ouvrière d'Albi (VOA), installée ici depuis 1896, avec l'appui de Jaurès. En face de la coopérative de production, la coopérative de consommation !

    Créée en 1902, elle appartient au mouvement coopératif d'inspiration proudhonienne, né à Paris en 1875. Elle a pour but de fournir des produits surtout alimentaires à des prix intéressants. Pour en profiter, il faut être sociétaire à hauteur de 100 francs puis de 200 francs. Quel que soit le nombre d'actions possédées, on n'a droit qu'à une seule voix à l'assemblée générale des sociétaires actionnaires. Une caisse de solidarité pour les naissances et les décès y est rattachée. Un journal mensuel sera publié de 1925 à 1928.

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    Le musée Puig de Perpignan possède et expose le livret de Joseph Larroque de 1935 avec les statuts et des jetons de monnaie en zinc de 25 c, appelés jetons de nécessité française. Cette monnaie locale servait aux achats à la coopérative, une manière de fidéliser le consommateur, correspondant aussi à la pénurie de monnaie durant la Première Guerre. L'Aurore sociale, une appellation pleine de promesses et une belle carte postale de Poux d'avant 1914 (collection Y. Calmels). On pose devant l'entrée principale et les deux voitures à chevaux encadrent les personnages dont deux en blanc, l'un en salopette, l'autre en tablier de boucher. Le panneau contre l'arbre propose du vin blanc de Gaillac supérieur et sous le lampadaire : l'enseigne de la boulangerie et la vente de gruau (blé dur) et des sous-produits (son et repasse). Une image du quartier très vivant partant de la gare de la Madeleine jusqu'à la VOA, où se trouvaient de nombreux commerces et cafés dont le fameux café Pernod et plus tard le cinéma Florida. Deux lieux liés au mouvement d'émancipation ouvrière : la Verrerie et l'Aurore sociale ! ( © LA DEPECHE Article publié le 09/12/2016 - Robert FABRE )

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    A Graulhet...de l'Aurore Sociale à la Super Coop...

    Le 3 juillet 1949, le ministre Paul Ramadier est à Graulhet pour les 30 ans de L'Aurore Sociale devenue depuis les années 30 la Coop et la Super Coop. La famille Héral gère cette coopérative depuis (environ) les années 30 et la quittera en 1957. D'autres coopératives existent à Graulhet rue des Peseignes et rue Saint-Jean
    Lors de la venue du Ministre les enfants Héral participent aux festivités. Retrouvons les photos de cette manifestation gentiment prêtées par Nicole et Jean-Louis.

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    L'arrivée du Ministre Ramadier Place du Jardinage (aujourd'hui Henri Mérou)

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    Le Ministre Paul Ramadier

    Paul Ramadier

    Paul Ramadier - Homme politique français (La Rochelle 1888-Rodez 1961).

    Avocat, défenseur des coopératives, maire de Decazeville (1919-1959), il est élu député socialiste de l'Aveyron en 1928. Partisan de la participation des socialistes à l'exercice du pouvoir, il quitte en 1933 la S.F.I.O. (qu'il rejoindra ensuite, pendant l'Occupation) pour l'Union socialiste et républicaine. Il est membre du premier gouvernement du Front populaire puis ministre du Travail (janvier-août 1938) et fait adopter d'importantes lois sociales. Après avoir voté contre la délégation des pleins pouvoirs au maréchal Pétain (10 juillet 1940), il participe à la Résistance, puis est nommé ministre du Ravitaillement (novembre 1944-mai 1945) par le général de Gaulle et recouvre ses mandats de maire et de député. Ministre de la Justice (décembre 1946), président du Conseil (de janvier à novembre 1947), il écarte les ministres communistes, qui avaient voté contre la politique gouvernementale, mettant ainsi fin au tripartisme. Il fait voter le statut de l'Algérie et adhère au plan Marshall, mais doit se retirer devant la persistance des grèves. Ministre de la Défense nationale (septembre 1948-octobre 1949), ministre des Affaires économiques et financières (février 1956-mai 1957), il émet en 1956 l'emprunt qui porte son nom et crée la vignette automobile. (Source : https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Paul_Ramadier/140250)

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    L'arrivée du Ministre Ramadier Place du Jardinage (aujourd'hui Henri Mérou)

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    Le Ministre Paul Ramadier au cimetière Saint-Roch pour un hommage aux morts des guerres

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    Le Ministre Paul Ramadier avec les administrateurs de la Coopérative - On reconnait à l’extrême droite Edmond Saint-Ignan

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    Les enfants Héral accueillent le Ministre : Jean-Louis, Nicole et Bernard

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    De nombreux enfants posent en ce jour de fête !

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    La Coop - L'intérieur de la Coop

     

     

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    L'intérieur de la Coop arrangé pour la venue du ministre

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    A la caisse Madame Angèle Héral et Madame Marcelle Barthés

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    Le jeune Jean-Louis

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    La Super Coop

    Premier magasin en libre-service du Tarn

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    Nicole, Jean-Louis et Christine l'épouse de Bernard

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    Devant l'Aurore les quatre enfants Héral : Marc; Bernard,
    Nicole et Jean-Louis

    L'intérieur de la Super Coop !

    - L'Aurore Sociale - La Coop - La Super Coop

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    Marcelle Barthés, Angèle Héral et Nicole Héral

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    Une vitrine pour la Quinzaine commerciale...un avion réalisé par Monsieur Héral
    avec le réveil prêté par...la Sœur Saint-François

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     Avant la Coop...certainement un 1er Mai !

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    Une célèbre cliente l'épouse de Monsieur le Maire : Madame Pélissou

    Ailleurs dans Graulhet ...
    la COOP ...

    Rue des Peseignes à Graulhet

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    Rue Saint-Jean

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     Un grand merci à Nicole et Jean-Louis Héral et à Eric Bruguière

     


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  • 29 octobre 2021

    Retour sur la visite de Gabriel Attal alors porte-parole du gouvernement à Graulhet en octobre 2021

     © LE JOURNAL D'ICI

    En visite dans le Salon de coiffure de Claude Baccou, le patron de Must Coiffure

     au 9 place André Bru

    Gabriel Attal alors  porte-parole du gouvernement et la ministre de la fonction publique, Amélie de Montchalin 

    Collection privée - Merci à Claude et Madame K

     © LE JOURNAL D'ICI

      © LE JOURNAL D'ICI

     


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