• - La Statue de l'Amiral JAURES

     

     LA STATUE DE
    L'Amiral Jaurès

    Son inauguration. Les discours. Les festivités . Portrait du ministre Camille PELLETAN.
    L'inédit programme des festivités. Le récit détaillé. Les cartes postales. Les photos inédites ....

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    Située au bas de la Place du Jourdain, avant son transfert au bout de l'Avenue Jean Jaurès en 1989, la statue de l'Amiral Jaurès est une œuvre du sculpteur Gabriel  PECH né à Albi en 1854. Inaugurée le 27 septembre 1903 par Camille PELLETAN, ministre de la Marine.

    Extrait du quotidien LE JOURNAL du lundi 28 septembre 1903

    - La Statue de l'Amiral JAURES

     

     

     - PELLETAN

     

     LE COMPTE-RENDU DES FESTIVITÉS

    PELLETAN A GRAULHET

    Graulhet, 25 septembre

    C'est sous les caresses d'un clair et beau soleil que Graulhet s'éveille. Le ciel est radieux, pas un nuage n'entame le bleu pur, la journée paraît devoir être belle. Sur toutes les routes, sur tous les chemins, sur tous les sentiers, une file ininterrompue de piétons et de véhicules. Tout a été utilisé pour transporter du monde, depuis la calèche élégante et rapide jusqu’à la lente mais solide charrette à bœufs. L'affluence est telle qu'on se demande comment l'on pourra se mouvoir, dans quelques heures, après l'arrivée du ministre et des nombreux trains organisés spécialement.

    Les ouvriers endimanchés, fiers et joyeux de recevoir Pelletan, se dirigent vers la gare, où déjà la circulation devient difficile. Du haut de la terrasse du château, dont une épaisse bordure humaine longe la grille, qu'on a consolidée pour la circonstance, le coup d'œil est splendide. La place du Jourdain, où s'élève le monument Jaurès ; les ponts sur le Dadou, le square et l'avenue de la Gare, sont encombrés de monde. Sur tous les visages on lit la joie éprouvée de pouvoir manifester ouvertement ses sympathies et nous prévoyons que la réception sera chaude, très chaude.

    La Décoration

    En attendant l'arrivée du ministre, jetons un coup d'œil sur la décoration. Le long parcours que doit suivre le cortège est jalonné par deux files de mâts élevés, au sommet desquels flottent des oriflammes tricolores. Des cordons de buis et de coquettes guirlandes en papier les joignent, formant une voûte gracieuse. Des milliers de serpentins multicolores, adroitement jetés sur les arbres du Jourdain, ont transformé cette place en décor de féerie. Un splendide arc de triomphe, monté en quelques heures, est élevé au bout du Pont-Neuf et forme à quelques pas de la gare la véritable entrée de la ville. Sa décoration particulière est sobre et de bon goût. Sur la face, regardant la rivière, on lit l'inscription suivante : « A Pelletan, ministre de la marine ».

    Remarqué la façade de la mairie, qui produit un bel effet sous sa jolie décoration. Le local du syndicat des ouvriers moutonniers, où une grande bande rouge porte en lettres d'or l'inscription : « A Pelletan le syndicat ».

    Des transparents sont placés devant les croisées. Sur le premier nous lisons : « Les ouvriers moutonniers à l'innovateur officiel de la journée de huit heures. » Sur la deuxième : « Ouvriers, saluons Pelletan, qui des paroles est passé aux actes. » Sur le troisième : « L'émancipation des travailleurs ne se produira que par la révolution sociale. »

    La gare, dont la façade intérieure disparaît sous les trophées de drapeaux et dont la salle d'attente a été transformée en un coquet salon orné de draperies blanches et rouges, est garnie à profusion de plantes et d'arbustes verts.

    Des milliers de drapeaux ornent les maisons particulières, marquant ainsi que la population graulhétoise accueillera franchement et avec enthousiasme le ministre réformateur.

    Çà et là, malgré l'heure un peu matinale, des batailles de confettis s’esquissent. Mais voici des musiques. Ce sont le conseil municipal et les délégations qui se rendent à la gare pour recevoir Pelletan. L’affluence augmente, la circulation est déjà gênée.

    L'Arrivée

    Des bombes éclatent, Le remous de la foule devient plus fort. Voici le train dont la machine et les wagons sont gentiment décorés. A dix heures, il stoppe devant le bâtiment des voyageurs. Une immense acclamation s'élève, et les applaudissements commencent. Les cris de : « Vive Pelletan ! Vive la République ! » sont tels qu'on s'entend à peine. C'est bien l'accueil sympathique et vibrant que nous avions annoncé qui se dessine. Une centaine de personnes ont pu pénétrer sur le quai.

    M. Pelletan que la grandiose et magnifique manifestation d'hier, à Albi, paraît ne pas avoir fatigué, descend de wagon. Dès qu'il touche le trottoir, il serre la main au maire de Graulhet et aux personnes qui l'entourent. Nous remarquons dans la nombreuse suite qui accompagne le ministre, MM. le préfet du Tarn, Barbey, Savary sénateurs, Jaurès, Andrieu, Gouzy et Compayré, députés, des maires et conseillers généraux républicains du Tarn.

    On entre dans le petit salon que nous avons décrit, où la bienvenue va être souhaitée à l'éminent visiteur.

    M. Serres, maire, prononce le petit discours suivant :

    « Monsieur le ministre,

    Au seuil de la cité industrielle de Graulhet, que j'ai l'avantage de représenter et que vous avez bien voulu honorer de votre visite, permettez-moi de vous offrir les souhaits de bienvenue que vous adresse une population ardemment dévouée aux institutions démocratiques.

    Depuis longtemps votre nom, symbole d'honneur républicain et de désintéressement est connu et respecté parmi elle. Exclusivement composée de travailleurs, elle suit pas à pas la fluide campagne que vous menez sans relâche contre la routine, les abus et l’injustice. Elle applaudit aux sages réformes que vous accomplissez et vous en est reconnaissante.

    Mais j'ai hâte de terminer, je sens combien mes camarades sont impatients de vous accueillir et de saluer en vous le représentant de ce gouvernement qui a résolument engagé une lutte décisive contre les éternels ennemis de la République que l'impunité avait rendu arrogants.

    Je vous livre, monsieur le ministre à leurs applaudissements à leurs acclamations.

    Le ministre répond qu'il connaît depuis longtemps l'esprit républicain de la ville de Graulhet et qu’il est heureux d'être reçu aujourd’hui par sa vaillante population où il vient honorer l'illustre mémoire d’un homme qui est justement aimé des Graulhétois. Il aura, en même temps, la borne fortune de se trouver en contact avec une patrie de la démocratie.

    Faisant allusion aux paroles que le maire a prononcées au sujet de l'attitude résolue du gouvernement M. Pelletan dit qu'elles ne peuvent que l'encourager et le soutenir dans la lutte qu'il a entreprise avec une foi sincère contre les éternels ennemis de la République (applaudissements.)

    Pendant que la bienvenue est souhaitée au ministre, le cortège s'organise sur le boulevard de la Gare, sous la protection de quelques gendarmes et des pompiers. Des musiques de la localité et celles qui sont déjà arrivées venant prendre part au concours, se mettent rang. Sur la place du Jourdain, dans l'enceinte réservée pour l'inauguration, les élèves des écoles laïques sont massés sous la surveillance des instituteurs. Par une attention délicate, la municipalité et le comité ont estimé qu'ils devaient participer à la manifestation en l’honneur d’un membre du gouvernement qui montre tant de sollicitude pour les écoles qu'ils fréquentent ! La file des sociétés, délégations est interminable. Nous remarquons : les syndicats des ouvriers moutonniers et des ouvriers en bâtiment, la Libre-Pensée, la Jeunesse socialiste, les vétérans des armées de terre et de mer, les sociétés de secours mutuels, le Sou des écoles laïques, la Société des retraites.

    Dès que les divers groupes ont défilé, viennent les voitures. Dans la première ont pris place : MM. Pelletan, Phélut, préfet du Tarn, Barbey, vice-président du Sénat, Serres maire de Graulhet

    Dans la deuxième : MM. Savary, sénateur, Jaurès, Andrieu et Gouzy, députés.

    Dans la troisième : MM. le général commandant la 64e brigade, Tissier, chef de cabinet du ministre, Compayré, député ; Bécus adjoint au maire.

    Dans la quatrième : MM. les sous-préfets de Lavaur et Castres, M. le secrétaire général du Tarn

    Dans la cinquième : MM. les officiers d’ordonnance du ministre, M. le chef du cabinet du préfet, etc.

    Nous citons au hasard dans les autres MM le docteur Guiraud, maire et conseiller général de Lavaur, Vieu, maire et conseiller général de Castres, Rolland, maire de Gaillac, Rossignol, Rigaud, Soulié conseillers généraux, Calvignac maire de Carmaux, Bés adjoint du maire de Castres.

    Au moment où la première voiture paraît une immense acclamation part de la foule qui s’étend partout ; Les cris de : Vive Pelletan ! Vive la république ! Vive Jaurès ! A bas la calotte deviennent assourdissants. Tous les bras sont en l’air brandissant des chapeaux. C’est du délire, on se presse, on se bouscule, tout le monde veut voir de près le ministre, chacun veut lui montrer la joie qu’il éprouve de pouvoir le saluer, le remercier d'être venu. Tout le long de la place du Jourdain, de la rue Gambetta, de la rue Saint-Projet, jusqu’à la mairie ce ne sont qu’applaudissements et acclamations. Le spectacle est magnifique. Les Sociétés se sont massées sur la petite place de la mairie où déjà la foule s'était ruée. Pelletan descend de voiture et monte dans la salle du premier étage qu'on a transformée en un splendide salon et où les présentations vont avoir lieu.

     


    LE BANQUET

    La halle où a lieu le banquet a été magnifiquement décorée. L’immense salle où un plafond est ménagé pour en cacher la charpente, a fort grand air avec ses larges et hautes baies munies de guirlandes gracieusement disposées. Dans le fond, derrière la table d’honneur, un très beau palmier étend ses larges et vertes feuilles d’où émerge le buste de la république placé exactement derrière la chaise réservée au ministre. Les tables disposées en fer à cheval sont bien ornées. De nombreux porte-manteaux sont accrochés aux murs. Mais, cessons d'admirer et décrire, les convives sont déjà nombreux et Pelletan que la foule n’a cessé d’acclamer fait son entrée. Il est salué par une longue salve d’applaudissements. Toute l'assistance est debout. L'ovation est longue, indescriptible. Le silence se rétablit, on s'installe et le banquet dont ci-après le menu, commence :

    HORS-D'ŒUVRE

    Beurre, saucisson, olives

    POISSONS

    Loup sauce hollandaise

    ENTRÉE

    Gigot de pré-salé sauce chevreuil

    PIÈCES FROIDES

    Jambon d'York glacé

    RÔTI

    Poulet du Bruc et canetons

    Salade panachée

    DESSERT VARIÉ

    VINS

    Ordinaire (blanc et rouge)

    VINS FINS

    Cahors Gaillac

    Café – Fine Champagne

    Le service est parfait, les mets exquis. L'hôtel Larquié s'est surpassé. Pendant le repas la plus grande cordialité règne entre les convives.Au dessert, M. le préfet du Tarn, le premier, porte un toast au président de la République, toast longuement applaudi. Après lui, le maire de Graulhet, en un court discours déclare au ministre que la lutte contre la congrégation soutenue par le ministère est approuvée de tous les républicains.

    Pelletan remercie et dit que le parti républicain peut compter sur le dévouement du gouvernement.

    INAUGURATION DU MONUMENT JAURÈS

    A l'issue du banquet a eu lieu l'inauguration du monument élevé à la mémoire ce l’amiral Jaurès. Ce monument, du sculpteur albigeois Pech, se dresse au milieu de la grande place du Jourdain, où stationne une foule compacte. L’amiral Jaurès est représenté en uniforme de général de division, dans une attitude martiale et souriante, la main gauche appuyée sur le sabre qui traîne au coté, le bras droit plié à la hauteur de la poitrine. Les traits du visage sont fins et énergiques.

    Quand le ministre et son escorte arrivent pour prendre place sur la tribune élevée du monument, la foule éclate en acclamations et applaudissements frénétiques. La musique joue la Marseillaise. Sur l'estrade on remarque à la gauche du ministre, Mme Jaurès veuve de l'amiral. Y ont pris place également les notabilités républicaines de l’arrondissement parmi lesquelles ; Jean Jaurès, Savary, Barbey, le préfet du Tarn, le fils de l'amiral Jaurès, le capitaine de frégate Jaurès, etc...

    Au début de la cérémonie, Jaurès fils de l’amiral remercie au nom de sa mère et au sien le maire et la municipalité de Graulhet, le comité des fêtes et toutes les personnes qui ont concouru à l'érection de l’impérissable monument, élevé à la mémoire de l'amiral et général de division de la défense nationale. Il remercie également le statuaire Pech, qui, avec un art si convaincu, a su retracer l'image l’image fidèle de son père.

    M. Serres, maire de Graulhet, prononce ensuite une courte allocution où il exprime sa joie et sa fierté de remettre à la ville au nom du comité d’initiative ce monument élevé à la mémoire de Jaurès...concitoyens et administrés. Puisse conclut-il, l'exemple de ses éminentes vertus civiques, perpétuer parmi les générations futures,le calme du devoir envers la patrie et la République. (Applaudissements.)

    Pelletan se lève et prononce l'admirable discours que les lecteurs de la Dépêche, comme tous ceux qui eurent le plaisir de t'entendre, nous sauront gré de reproduire en son entier.

    Discours de M. Pelletan

    « C'est pour moi un honneur bien précieux de me trouver mêlé, grâce à mon titre passager, à l'inauguration du monument élevé au grand soldat, au grand républicain, au grand Français, dont ce bronze consacre et glorifie la mémoire. Je ne m’attarderai pas à rappeler les premiers états de services, bien qu’ils étaient été dignes de lui. Il était frère d'un officier de beaucoup son aîné, qui, avant lui, a obtenu le titre d'amiral, et qui a exercé avec éclat un des grands commandements de notre flotte. Il a dès le premier moment marché sur ses traces. Dès sa jeunesse et alors qu'il était encore dans les grades des débuts, partout où un péril s'offrait à lui, soit dans les accidents où il pouvait apporter son courageux concours, soit dans les guerres lointaines du régime impérial, ceux qui le virent à l'œuvre purent apprécier son intrépide énergie. Mais il ne fut mis en lumière que par les affreux malheurs de l'Année Terrible.

    C'est le propre des tragiques et formidables épreuves qui brisent et écrasent les médiocres, de dégager les caractères trempés pour les grandes choses, dans toute la puissance de leur haute stature morale. Vous vous souvenez des angoisses dans lesquelles nous nous débattions, au milieu du terrible automne de 1870. Les armées que l'Europe considérait quelques mois avant, comme les plus puissantes du monde livrées en quelques semaines par l'Empire du 2 décembre, et par ses états-majors. Paris, séquestré, muré du reste du pays, étreint par un infranchissable rempart de baïonnettes et de bouches à feu. Un grand tiers du territoire national occupé par l'invasion, tout le reste largement ouvert aux aigles prussiens, si l’on n’accomplissait pas le miracle de faire sortir du sol, pour en défendre l'accès, des troupes, des fusils et des canons.. Des soldats levés à la hâte, à peine équipés, à peine armés, disputant le sol sacré de la France à des vainqueurs emportés par l'élan de leurs foudroyants triomphes.

    Voilà les épouvantables désespoirs au milieu desquels Jaurès conquit la gloire qui restera attachée à son nom aussi longtemps qu’il y aura une patrie française.

    Il faut, en tête de ces tristes souvenirs, placer tout d'abord le nom de l'homme dont on saluait, il y a huit jours, la statue. De ce Gambetta qui, dans ces jours inoubliables, fut le génie de la défense et comme l’âme de la patrie en qui la France tressaillante, sentit palpiter quelque chose de la flamme qui avait embrasé nos pères de 92 et de 93, qui créa nos armées, qui leur donna les chefs que nous glorifions aujourd’hui, qui pendant de longs mois de défaites releva les défaillances, soutint les désespoirs, électrisa les courages, et qui ne plia sous la dure loi du malheur que quand la destinée qui le terrassait lui eut arraché des mains sa dernière arme, sans pouvoir lui arracher du cœur sa dernière espérance. C'est Gambetta qui, pour nos luttes de la province, puisa dans la flotte quelques-uns des meilleurs éléments de la défense nationale. C’est lui qui distingua le grand soldat, dont nous saluons le monument, qui le mit à la place où il allait s'illustrer, et vous m’en voudriez si je n'évoquais autour de Jaurès le groupe de ses amis, de ses frères d'armes et de ses frères de gloire : Les Jaureguiberry, les Goujeard, les Aube, tous comme Jaurès attachés à la cause de la République, tous comme lui placés plus tard par la reconnaissance nationale à la tête de la marine française. Elle est singulièrement frappante, l'histoire de nos marins, pendant l’année terrible.

    La France, qui avait fait tant de sacrifices pour ses forces navales, tandis que les Allemands pouvaient à peine leur opposer quelques faibles bâtiments de combat, avait été douloureusement étonnée de voir la flotte impériale impuissante à atteindre ou à inquiéter nos ennemis chez eux-mêmes, à empêcher leurs navires de venir nous insulter à l'embouchure l'un de nos grands fleuves. Nos marins n'en sortirent que plus grands de la guerre. Mis à terre, mêlés à leurs frères de l'armée, ils firent éclater dans les batailles leur énergie héroïque, leur aveugle dévouement au devoir. Ce profond esprit de solidarité familiale et d'affection, réciproque entre le chef et les hommes ont fait la force invincible des troupes dans les pires épreuves.

    Les vieux Parisiens comme moi, qui n'ont appris que plus tard l'histoire des luttes de la province, mais qui pendant le siège et aux heures mêmes où l'excès de nos malheurs avait abattu la confiance de nos troupes de terre, ont vu nos marins à l'œuvre et ont retrouvé chez eux, avec leurs magnifiques vertus militaires, cette résolution enragée de défense à outrance. Tout le peuple de la capitale était alors transporté. Ces vieux Parisiens, dis-je, en ont gardé toute leur vie pour nos braves matelots et leurs braves officiers, un profond sentiment d'amitié et d’admiration, et le ministre de la marine actuel est heureux de rappeler cet égard une des plus vives et des plus ineffaçables impressions de sa jeunesse. Et je suis sûr d’être ici en pleine communion d'idée et de cœur avec mon ami et prédécesseur, M. Barbey, assis à mes côtés. Rappelez-vous la situation de la défense à la fin de novembre.

    Un général irrésolu avait laissé passer pleure où une de nos rares victoires semblait ouvrir la route de Paris. La saison devenait de plus en plus rigoureuse, et la trahison de Bazaine avait permis à l'armée de Frédéric-Charles d'accourir à marche forcée, tant les vices du militarisme impérial nous poursuivaient inexorablement jusqu'au bout ! Cependant les forces réunies par Gambetta dans l'Ouest et sur les bords de la Loire avaient enfin des chefs dignes de leur noble mission ; Chanzy à leur tête, Jaurès au commandement d'un corps d’armée. Mais jamais tâche plus écrasante ne fut confiée à de plus nobles cœurs. Une armée hâtivement formée des éléments les plus disparates, un pêle-mêle de régiments de marche parfois réduits à deux ou trois compagnies d'infanterie et d'artillerie de marine, de francs-tireurs de toute provenance, de mobiles, de mobilisés, des matelots descendus hier de leur Nord, de paysans arrachés hier de leur chaumière, soldats improvisés, tombés, sans transition du foyer paternel aux pires épreuves de la guerre ; dans leurs mains inexpérimentées des armes qu’on avait pu trouver, quinze sortes chiffre officiel, quinze sortes de fusils, les mousquets et de carabines, dans le même corps, depuis le vieux fusil à piston, jusqu’au Remington espagnol ou égyptien. Voilà ce qu’une activité surhumaine avait pu réunir contre des troupes d’invasions merveilleusement armées, merveilleusement instruites, merveilleusement aguerries et exaltées par la confiance que donne une longue suite de victoires, et par surcroît on eût dit qu'à la suite des envahisseurs du Nord, l’hiver de la Baltique était venu en allié et qu’après avoir arboré dans le ciel comme un drapeau de flamme frissonnant, une éblouissante aurore boréale pour annoncer son approche, il avait lancé sur nos campagnes, dans des tourbillons de neige, son armée de vents hyperboréens au souffle aigu, comme le tranchant de l’acier. Des froids dignes des bords de l’Oder et de la Vistule mettaient le comble aux souffrances de nos soldats, pas un instant de répit. Pendant près de deux mois décembre et janvier, les combats succédaient aux combats; il fallait recommencer la lutte presque tous les jours, les alertes étaient continuelles, de longues marches à mesure qu'une retraite suivait la retraite antérieure, ajoutant leurs fatigues épuisantes à celles des batailles. Et quand l'ombre sinistre des nuits d'hiver apportait enfin un espoir de repos, il fallait le plus souvent bivouaquer en plein champ, comptant, minute par minute, les heures interminables des insomnies grelottantes, sur le blanc et glacial tapis du sol, ou ce qui était pis, au milieu des neiges fondantes et de boues infâmes. Telles étaient les épreuves auxquelles nos malheureux soldats étaient condamnés pour leur apprentissage. De vieilles troupes y eussent à peine résisté.

    Aussi, c'était en vain que chez les Chanzy, Les Jaurès, le génie stratégique et tactique le plus fécond, la vigilance la plus constante, la fermeté la plus inébranlable, sous les coups répétés du sort, suffisaient à combiner et à exécuter les opérations les plus conçues. C'était en vain que ces soldats d'hier, électrisés par le patriotisme, faisaient parfois preuve d'un élan et d une vigueur digne des succès des plus éclatants. Comment, dans leurs rangs, ne se serait il pas produit des défaillances partielles ?

    Et quand on venait enfin de saisir, la victoire si laborieusement préparée, si vaillamment obtenue, une débandade locale, une panique isolée perdait, en un instant, le fruit des plus beaux combats ou bien l'épuisement des troupes était tel qu’on ne pouvait leur demander un effort de plus. Ainsi, tout croulait au dernier moment. Il fallait recueillir encore, se remettre en marche, faire abandonner aux soldats le terrain qu’après avoir repoussé l'ennemi ils croyaient avoir conquis par le sang, dont ils l'avaient arrosé, chercher à la hâte une nouvelle ligne de défense, combiner précipitamment tout un plan d'opérations nouvelles.

    La retraite est une rude épreuve pour les mieux aguerris, rien n'est difficile comme d'y maintenir le courage et la confiance des soldats les mieux disciplinés et nos troupes improvisées, accablées des plus dures fatigues, devaient résister à ces déceptions incessantes au lendemain de leurs plus rigoureux efforts.

    C'est au milieu de ces circonstances désespérantes que Jaurès a mérité sa gloire. C'est au milieu des pires revers qu’éclatent, les plus hautes et les plus nobles de toutes les vertus militaires. Les victoires, parfois faciles, qui couronnent les favoris de la destinée, dans les sanglantes aventures de la force, à la tête de troupes aguerries, avec l'élan irrésistible du succès, grâce à toutes les complaisances du hasard, peuvent donner, une gloire plus retentissante et exercer sur les foules un prestige plus enivrant. Ils sont plus grands que les victorieux, ceux-là qui ont été longtemps aux prises avec le malheur, sans cesser de faire tête à la toute-puissance de la fortune et qui, au milieu de défaites incessantes, de déceptions continuelles, de toutes les trahisons du sort, non seulement n'ont pas fléchi d'une ligne, mais encore ont puisé dans leur force propre et dans l'idée de la cause sainte qu'ils défendaient, assez d'héroïque constance et d'énergie guerrière pour les répandre autour d'eux, sur les foules éperdues, et pour donner quelque chose de leur propre cœur à leurs troupes désemparées.

    Rien n'est décisif comme le rayonnement du caractère du chef sur les hommes qu'il dirige. Est-il faible et irrésolu, sa débilité se répand autour de lui en désordres et en défaillances. Au contraire, s'il prêche d’exemple, si les esprits inquiets, parfois abattus, des soldats qu'il a sous ses ordres sentent en lui la solidité de résolution, l'énergie guerrière, la vigilance pour leur salut, auxquelles leurs incertitudes peuvent s’appuyer avec une pleine confiance, si tout en maintenant leur autorité, quand on la sent juste, il se rappelle qu’il commande à de hommes ses semblables, s'il parle à leur intelligence et à leur cœur le langage qui inspire l'esprit de sacrifice et noue entre eux et lui le lien d'affectueuse solidarité, qui fait de tous, chefs et subordonnés, une même famille et comme un même bloc devant le péril, alors les corps les plus disparates de soldats improvisés prennent la cohésion, le courage, l'endurance qui font les troupes invincibles.

    C'est ainsi que, quand la fortune en donne le temps, comme elle l'a donné à la France après 1792, comme, hélas ! elle le lui a refusé en 1871, on prépare au milieu des revers les victoires de l’avenir. Oui, telles furent les vertus vraiment militaires dans le sens le plus élevé du mot, par lesquelles nos pères de la Révolution sauvèrent la liberté et la patrie. Telles furent aussi celles de Jaurès.

    D’abord commandant en chef des forces de l'Ouest encore en formation, ensuite à la tête d'un corps d'armée dans la campagne de la Loire, il avait su organiser ses troupes et leur inspirer la confiance qui fait le courage et la discipline, quelles que fussent les épreuves et les souffrances. Ce n'est pas dans leurs rangs que la panique a jamais pu répandre son désastreux vertige.

    Je n'ai pas à refaire ici dans le détail la triste histoire de cette campagne, avec ses luttes de tous les jours pour disputer pied à pied notre territoire, ses espérances trompées, suivies d’une série de reculs, ses grandes batailles, ses innombrables petits engagements dans les neiges et dans les glaces. Le nom de Jaurès y éclate à chaque page.

    Je rappelle principalement ses deux principaux titres de gloire : la bataille du Mans, où il avait repoussé l'ennemi pendant toute la journée, quand la panique du plateau d'Avron obligea l'armée à une retraite de plus la bataille de Lille le Guillaume, ou il soutint victorieusement tout l'effort des Allemands. C’est à la suite de ces exploits que furent écrites les lignes suivantes que je retrouvais il y a quelques jours dans son dossier : « Je vous prie d'annoncer au général Jaurès que je suis bien heureux de pouvoir, dans les attributions de mon département, rendre définitive en sa personne par un décret qui sera demain au Moniteur, le grade de général de division de l'armée régulière, qu'il a si valeureusement gagné. — » Signé : Léon Gambetta. »

    Vous savez comment, aussitôt après, la capitulation de Paris était conclue et les négociations de paix ouvertes. Dans le désarroi et dans l'espèce de panique morale qui suivait nos désastres la France se jetait dans les bras de la réaction et lui livrait le pouvoir.

    Alors commença une impitoyable revanche contre le républicain qui avait dirigé la défense nationale et contre ses collaborateurs.

    Les vieux états-majors de Sedan et de Metz étaient redevenus les maîtres. Ce fut un titre à toutes les rancunes des puissants du jour d'avoir voulu lutter jusqu'au bout.

    Denfert avait sauvé Belfort, on empêchait M. Thiers de donner le titre de général.

    Une vaste enquête était ouverte et les dossiers fouillés avec une partialité révoltante pour rechercher les moyens de faire planer les pires soupçons sur tous ceux qui avaient été mêlés à la défense de la patrie. L'assemblée du jour de malheur nommait une commission des grades pour ôter aux officiers des armées créées par Gambetta les galons conquis par eux sur le champ de bataille.

    Cette commission était si acharnée que quand, pour aller faire mon métier de journaliste, je traversais les vastes avenues de Versailles et que je voyais sur la place Saint-Louis la statue que sa ville natale a élevée à Lazare Hoche, je tremblais que la commission ne l’aperçut, tant j'étais certain qu’elle lui arracherait ses insignes de général pour lui rendre ses galons de sergent aux gardes francaises.

    L'un des premiers soins de la commission fut naturellement d’ôter à Jaurès le titre que Gambetta lui avait donné à titre définitif et de le ramener au grade de capitaine de vaisseau qu’il avait avant la guerre. Mais soyons juste elle fut relativement modérée à son égard. Elle consentit à demander au ministre de la marine de le nommer contre-amiral. Des trois étoiles qu’il avait si bien gagnées dans les champs glacés de l'Ouest, elle voulut bien ne lui en reprendre qu’une. C’est encore trop. En voyant l'uniforme de général de division que Jaurès porte sur cotte belle statue, on est attristé à la pensée que ce sont des mains françaises qui l'en ont dépouillé.

    Le suffrage universel fut plus juste : il l'envoya siéger à l'Assemblée, et sa triomphale élection fut, dans le département la première revanche de la République sur la réaction qui l'avait emporté aux élections de février. De l'Assemblée Jaurès passait à un siège de sénateur inamovible. Je n’ai pas besoin de rappeler avec quelle fidélité il servit dans le Parlement la cause de la République. Il y apportait en même temps, son zèle et ses lumières dans toutes les questions qui touchaient à l'organisation de la marine.

    La démocratie, reconnaissante pour sers éclatants services, lui prodigua les honneurs qu'il méritait si bien. Deux-fois ambassadeur, il n'oubliait pas sa chère marine et quittait Saint-Pétersbourg pour venir prendre le commandement d’une de nos escadres.

    J'ai retrouvé à ce sujet dans son dossier cette note du ministre d'alors, notre grand amiral Aube : « Le passé de cet officier général dit ce que la marine en attendrait si la France avait besoin de lui. »

    Lui-même, peu après, recevait dans le cabinet Tirard, le portefeuille de la Marine. Mais, hélas! il mourait presque aussitôt rue Royale.

    Je n'ai pas à essayer de tracer ici le portrait de l'homme privé devant la digne compagne de sa vie. Je me borne à ajouter que ce héros fut en même temps le meilleur des hommes, et qu’il exerçait sur tous ceux qui l'approchaient une irrésistible séduction C'est ce que l'émanent artiste, M. Pech, a fait revivre dans cette belle statue, qui nous le fait apparaître tel que nous l'avons connu, le sourire aux lèvres et le patriotisme au cœur. Ce qui reste de lui dans l'histoire, c'est un des noms les plus éclatants de la Défense nationale. Les affreux revers qui ont marqué jusqu’au bout cette tragique époque de notre histoire ne lui ôtent rien de sa grandeur. Non, malgré la défaite finale, ce n'est pas en vain qu'au milieu de nos désastres tant de magnifiques efforts, désespérés ont été accomplis et que d'admirables hommes de guerre tels que Jaurès ont jusqu’au bout tenu bon contre le malheur ! Non ce n’est pas en vain que tant d'enfants du pays ont combattu, ont souffert, ont péri et que tant de sang français a rougi le sol glacé de nos campagnes. S'ils n'ont pas réussi à sauver l’intégrité matérielle de la patrie, ils ont sauvé son intégrité morale. Ceux qui ont traversé ces temps inoubliables les sentent encore peser sur leur tête.

    Il me semble que je les revis, à commencer par les premiers, ceux où la France fut jetée dans une guerre dynastique, dont elle avait horreur. Nous l'avons vu alors à l’œuvre pour la première fois — nous avons renouvelé depuis connaissance avec lui — ce faux patriotisme, le pire ennemi du véritable, ce patriotisme vantard, sonore, dévot à l'idolâtrie, de la force brutale, glorifiée de vent, de tapage, conquérant le monde en rêve, prodigue d'insultes pour quiconque se refuse à ses folles chimères de Picrocholes en chambre. Nous l'avons entendu brailler : « A Berlin ! A Berlin ! » et abreuver d'outrages tous ceux, qui ne voulaient pas laisser engager la France dans la malheureuse aventure d'où elle est sortie vaincue et mutilée. Où était-il quelques semaines plus tard ?

    Hélas! les armées incomparables qu'on croyait sans égales dans le monde, ces armées où vivait pourtant encore, sous la masse des soldats, l'impétueux génie de la guerre qui a été une des gloires de notre race l'Empire les avait toutes livrées du premier coup.

    Ce fut un effondrement prodigieux et le chauvinisme si fanfaron naguère, avait été mis à plat par les premiers coups du sort, et ce militarisme si arrogant quelques semaines plus tôt, dans sa stupéfaction n'avait plus ni une lueur, ni une espérance, ni une étincelle d’énergie.

    Les prodigieux coups, de foudre dont on avait été accablé, coup sur coup semblaient avoir brisé les ressorts de la nation.

    Tout le monde sentait autour de soi la trahison volontaire d’un misérable qui était maréchal de France, la trahison inconsciente du despotisme, des désordres, des abus, des vices qu’il abrite sous son ombre; la vieille vaillance traditionnelle de ce pays semblait affolée. Les soldats débandés erraient dans les campagnes; des villes se rendaient à quatre uhlans. Ah ! si la France avait alors accepté la loi vainqueur, je ne discute pas si elle aurait conservé une parcelle, de territoire de plus (ce qui est faux). Je ne cherche pas si elle eût payé pour sa rançon quelques centaines de millions de moins. Peu m'importe je ne sais qu’une chose c'est que le grand pays des Condé, des Turenne, des Hoche, des Marceau, des Danton, des Kléber aurait été frappé de la plus navrante des déchéances et que les risées du monde entier auraient fait justice de cette race dégénérée, en qui semblait être éteinte la flamme sainte qui fait qu’un peuple à une patrie.

    C'est alors que la République a recueilli la France et que les patriotes si violemment injuriés par le chauvinisme, si peu de temps avant ont essayé de réparer les désastres qu’il avait attirés sur notre Patrie. Ah ! leur tâche fut accablante. J’ai rappelé. Les difficultés matérielles auxquelles ils se heurtaient. Je n'ai pas tout dit, et il faut bien rappeler, si douloureux que cela soit, que quand les malheurs se multiplièrent pendant que la République faisait face à l'invasion, l'esprit de parti le frappait dans le dos.

    Je sais que dans nos armées, tous ont fait bravement leur devoir jusqu'au bout, quelle que fût leur opinion ; qu’ils fussent avec Charrette ou avec Garibaldi Il n'y a pas heureusement en France d'opinion qui commande la lâcheté ou la trahison sur le champ de bataille. Mais l’histoire dira que les partis que nous avons entendus depuis prétendre au monopole du patriotisme assuraient alors la noble obstination des hommes de la Défense nationale à disputer, morceau par morceau, la France aux envahisseurs, et qu'ils ont enfin réussi à soulever contre lui, dans les masses de souffrance, Le mouvement irrésistible qui a brisé ces dernières armes dans les mains de nos soldats ! Malgré cela, voici le résultat :

    L'Empire, avec les armées qu'on croyait les plus fortes du monde, a été écrasé par l'Allemagne en quatre ou cinq semaines.

    La République, qui avait reçu la France envahie, sans armes et sans soldats, a tenu le vainqueur en échec pendant près de cinq mois. Elle est sortie vaincue de la lutte, mais l'esprit national s'était retrempé dans l'adversité. La patrie française avait repris conscience d’elle-même. Au fond des ombres sanglantes du présent elle voyait au loin l'espérance illuminant le ciel comme un astre, et l'estime du monde entourait ce peuple écrasé par le sort, mais qui avait lutté jusqu’au bout.

    Voilà l’œuvre où le grand soldat, dont nous saluons l'image, a pris une des parts principales. Et aujourd’hui, que la République française, honorée et puissante, a le droit d'avoir la tête haute, c'est une dette sacrée que nous payons. Quand nous remercions et quand nous glorifions les hommes qui, comme notre grand Jaurès, ont sauvé l'honneur de la patrie au jour des suprêmes épreuves. 11

    Une longue ovation enthousiaste accueille la fin de ce remarquable discours.

    Les Décorations

    Le ministre remet ensuite quelques décorations : les palmes académiques à M. le docteur Bastié, à M. Charles Serres, maire de Graulhet ; la croix de chevalier du Mérite agricole à M. Chabbal, industriel à Graulhet ; à M. Mauriès. caissier de la caisse d'épargne.

    Après cette belle cérémonie, Pelletan, accompagné de ses nombreux amis et d'une foule considérable qui l'acclame, se rend à la gare pour prendre le train qui doit le ramener à Paris.

    Le train est déjà loin que les cris : « Vive Pelletan !Vive la République ! » retentissent encore.

    Et Les Graulhetois, heureux et satisfaits de l'honneur que leur a fait le ministre populaire, continuent la fête qui se prolonge fort avant dans la nuit, au milieu de la joie générale.

    Incident à Lavaur

    Pendant l'arrêt du train, à son passage en gare de Lavaur M. Camille Pelletan, accompagné de ses amis, a eu une de ces surprises à laquelle, certainement, il était loin de s'attendre.

    L'inoubliable député Compayré, qui s'entend à merveille à jouer les grotesques, n'a pas voulu perdre l'occasion de démontrer au ministre de la marine une partie de ses nombreux talents.

    Voici ce qu'avait imaginé la cervelle profonde du député de Lavaur :

    M. Pelletan descendu du wagon, une fillette stylée par M. Compayré, offre un superbe bouquet au ministre qui l'embrasse.

    Cinq minutes après, et voici où la scène prend la caractère bouffon, M. Compayré lui-même offre le même bouquet — lisez bien le même bouquet — à Pelletan qui paraît surpris de la démarche et dans un ton familier où perce l'ironie, fait très délicatement comprendre à l'inénarrable député de Lavaur son procédé quelque peu comique.

    L'incident hélas qui n'a pas tourné à l'avantage du spirituel Compayré, Camille Pelletan est vivement acclamé dans la cour de la gare par une foule de plus en plus nombreuse venue pour saluer de ses vivats le très sympathique ministre rue la marine.

    Un Discours de M. Jaurès


    Albi, 27 septembre. — M. Jaurès, vice-président de la Chambre des députés, a prononcé, hier, au cours de la visite du ministre de la marine à la Verrerie ouvrière, une harangue qu'il nous paraît intéressant de reproduire.

    M. Boyanique, administrateur de la Verrerie ouvrière, venait de saluer Camille Pelletan, de le féliciter des réformes qu'il accomplissait et d'adresser des encouragements au ministère Combes.

    M. Jaurès, se levant alors, a dit ceci :

    « Les paroles que vous venez d'entendre et auxquelles je m’associe s'écrie-t-il montrent à quel degré de maturité, dans la pensée et l'action est arrivée la classe ouvrière, qui n'a pas en vain lié son avenir à celui de la République. Il y a, entre les ouvriers verriers et nous, tout un passé de luttes, de souvenirs, de souffrances. C’est donc en leur nom comme au mien, comme au nom de tous les travailleurs et de tous les socialistes de la région, que je veux féliciter Pelletan de son œuvre propre, et le gouvernement de son action. Tout à l'heure, au banquet, Pelletan engageait les représentants du peuple à pousser le gouvernement en avant. Il y a beaucoup de gens qui poussent le ministère, il y en a qui le poussent pour le faire avancer, d'autres pour le faire tomber, d'autres enfin qui le poussent soi-disant pour qu'il avance, en réalité pour se débarrasser de lui. (Rires et applaudissements.)

    Nous ne sommes pas avec ces derniers nous avons confiance dans la loyauté du gouvernement. Nous savons à quelles difficultés il se trouve exposé en s’appuyant sur une majorité dont les origines sont diverses. Voilà pourquoi nous sommes à côté de ce gouvernement, non pour le trahir, mais sans arrière pensée, nous contentant de développer devant lui les espérances d’avenir plus vastes qui sont en nous, et sachant que nous servons, ce faisant, le désir secret des meilleurs d'entre les membres du cabinet. (Cris : « Vive Pelletan ! Vive Jaurès ! »)

    C'est ainsi que nous entendons remplir notre devoir envers la République et envers le prolétariat. Le prolétariat ne peut être dupe de ses faux amis. Il sait qu'il ne peut y avoir d'émancipation économique, tant que l'œuvre de laïcité ne sera pas accomplie, tant que l'émancipation intellectuelle ne sera pas faite. » (Bravos)

    Et, montrant de la main les fours de l'usine, l'éloquent orateur s'écrie :

    Cette usine, élevée par tant d'efforts elle tomberait demain en poussière s'il n'y avait pas hors d'elle des écoles laïques pour lui préparer des générations nouvelles de travailleurs verriers, mes camarades, votre œuvre ne sera immortelle que sur le fondement de la République inébranlable et de la raison incontestée. (Longues acclamations.)

    Mais, continue Jaurès, il faut faire ainsi apparaître aux yeux de tous le lien qui rattache la politique de laïcité aux réformes sociales, et c'est le sentiment profond de ce lien qui fait que les travailleurs de l'usine et des champs attendent la réalisation des réformes destinées à les unir indissolublement. C'est dans cette pensée et cette espérance, avec la ferme volonté de lui voir continuer la politique où il s'est engagé, que nous félicitons le gouvernement d'aujourd’hui, qui sera le gouvernement de demain, et aussi, je l'espère, celui d'après-demain.

    Que demandons-nous, nous autres socialistes ? Nous avons notre idéal, nous croyons que la période du salariat aura son terme, comme la période du servage ; que les hommes seront capables de s'organiser et de prendre la direction du travail, comme ils ont pris par le suffrage universel la direction de la Politique. Cette croyance, que nous affirmons, elle est la conclusion même de notre raison. Eh bien ! nous demandons, s'écrie Jaurès, de ne pas opprimer la raison et de ne pas opposer au peuple en marche les ruses du cléricalisme ou la fureur de la réaction. (Vifs applaudissements.) Ce sera ensuite à nous de marcher si nous avons du souffle, et nous n'en manquons pas. Dès maintenant, une grande chose est acquise en France : c'est que la réaction ne peut plus compter sur le succès des guets-apens périodiques qu'elle organisait contre la démocratie. Oui, Pelletan, vous étiez avec nous à Albi contre les juges de classe qui terrorisaient nos amis ; à Carmaux contre ceux qui faisaient peser sur la population le cauchemar grotesque et sauvage de leur joug. Vous avez reçu avec nous, Pelletan, des coups des injures, des ordures… oh ! qui continuent quelquefois. (Acclamations et rires.) Mais le peuple peut juger, et la preuve est faite que, même lorsque la réaction possède à son service toutes les puissances de conservation sociale, la force du peuple suffit à supprimer tous les complots. La réaction ne pourra pas recommencer ses mauvais coups ; c'est qu'elle ne trouvera plus pour la servir les forces pliantes qui redoutaient la perpétuité de son pouvoir. La réaction est écroulée ; c'est maintenant la République qui apparaît, le socialisme qui monte, et les courtisans de la force sont obligés de se dire que c'est du côté du droit que la force est passée. (Longue ovation, cris : Vive Jaurès ! » )

     

     

    LES NOUVELLES ILLUSTRÉES DU 8 OCTOBRE 1903

     

    - La Statue de l'Amiral JAURES

    - La Statue de l'Amiral JAURES

    - La Statue de l'Amiral JAURES

    Le carton d'invitation à la réception qui suivit l'inauguration de la Statue (collection privée)

    carte postale de l'inauguration de la statue par Camille PELLETAN

    STATUE DE L'AMIRAL JAURES

    - La Statue de l'Amiral JAURES

    les cartes postales illustrées par la statue sont nombreuses et courantes à l'exception de la première me semble-t-il.

    STATUE DE L'AMIRAL JAURES

    STATUE DE L'AMIRAL JAURESSTATUE DE L'AMIRAL JAURES

    STATUE DE L'AMIRAL JAURESSTATUE DE L'AMIRAL JAURES

    STATUE DE L'AMIRAL JAURES

    STATUE DE L'AMIRAL JAURES

     STATUE DE L'AMIRAL JAURES

    STATUE DE L'AMIRAL JAURES

     

    JAURÈS (CONSTANT-LOUIS-JEAN-BENJAMIN), représentant en 1871, sénateur de 1875 à 1889, ministre, né à Albi (Tarn) le 3 février 1823, mort à Paris le 13 mars 1889, fils du vice-amiral Jaurès (mort en 1870), entra en 1839 à l'école navale, en sortit aspirant en 1841, devint enseigne en 1845, lieutenant de vaisseau en 1850, capitaine de frégate en 1861, capitaine de vaisseau le 22 mai 1869, et membre de la commission des marchés maritimes. Il fit toutes les campagnes navales du second Empire en Crimée, en Italie, en Chine, en Cochinchine et au Mexique. En juillet 1870, il reçut le commandement de la frégate cuirassée l'Héroïne, dans l'escadre du Nord destinée à opérer une diversion sur les côtes d'Allemagne. Nos défaites n'ayant pas permis d'organiser cette expédition, il fut nommé (novembre 1870) général de brigade, chargé d'organiser le 21e corps, qui combattit sur la Loire, dans la Sarthe et la Mayenne. Après les combats de Marchenoir et de Sillé-le-Guillaume, il fut promu général de division (16 janvier 1871). La commission de révision des grades, « en reconnaissance des services éminents qu'il avait rendus, » le maintint contre-amiral. Le 8 février 1871, il échoua à la députation, sans s'être présenté, dans le Tarn, avec 38,109 voix sur 78,006 votants ; mais il fut élu, aux élections complémentaires du 2 juillet suivant, représentant du Tarn à l'Assemblée nationale, par 45,111 voix sur 67,676 inscrits, en l'emplacement du général Trochu qui avait opté pour le Morbihan. Il siégea au centre gauche, dont il devint vice-président, vota contre la pétition des évêques, contre le pouvoir constituant de l'Assemblée, contre le service militaire de trois ans, contre la démission de Thiers au 24 mai, contre le septennat, s'abstint sur l'admission à titre définitif des princes d'Orléans dans l'armée, et se prononça contre le ministère de Broglie, pour l'amendement Wallon, pour les lois constitutionnelles.

    Le 13 décembre 1875, il fut élu sénateur inamovible par l'Assemblée nationale, le 35e sur 75, avec 351 voix sur 689 votants. Nommé au commandement en second de l'escadre de la Méditerranée le 25 février 1876, il dut se rendre dans les eaux de Salonique, pour demander satisfaction de l'assassinat du consul de France. En octobre suivant, il fut appelé au commandement de l'escadre de Cherbourg, devint vice-amiral le 31 octobre 1878, et fut nommé (12 décembre) ambassadeur en Espagne. De là, il passa (17 février 1882) à l'ambassade de Saint-Pétersbourg d'où, rappelé le 10 novembre 1883, il revint prendre sa place à la gauche du Sénat, avec laquelle il a constamment voté ; il s'est cependant abstenu (22 juin 1886) dans le scrutin sur l'expulsion des princes. Après la chute du ministère Floquet, il accepta, dans le nouveau cabinet Tirard, le portefeuille de la Marine 23 février 1889) et mourut à ce poste moins d'un mois après. Officier de la Légion d'honneur du 22 avril 1861, commandeur du 5 septembre 1877, grand-officier du 12 juillet 1888.

    Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

    Source Senat.fr

    Merci à Pierre AUSTRUY

     

     - Camille PELLETAN à Graulhet

    Portrait officiel du Ministre Camille PELLETAN, suivi d'une notice biographique

    Venue à Graulhet du Ministre de la Marine Camille PELLETAN, pour l'inauguration de la Statue de l'Amiral JAURÈS, du Groupe scolaire des Jeunes filles (École Gambetta) et de l'Hôtel de la Caisse d’Épargne. Retrouvez une série de photos rares ou inédites et pour la première fois la publication intégrale du Programme des Festivités de ces trois journées : 26, 27 et 28 septembre 1903.

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    Homme politique français (Paris 1846-Paris 1915).

    Journaliste, député radical de 1881 à 1912, il combattit la politique coloniale de Jules Ferry, puis le boulangisme. Il joua un grand rôle au premier congrès radical-socialiste (1901). Ministre de la Marine de Combes (1902-1905), il chercha à démocratiser le corps des officiers et s'associa à la politique anticléricale.

     

    LES PHOTOS

    CAMILLE PELLETAN A GRAULHET
    LE 27 SEPTEMBRE 1903

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    L'arrivée vers la gare

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    Le cortège traverse le pont neuf

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    Un arc de triomphe a été construit à l'entrée de la Place du Jourdain...on peut apercevoir la
    Statue de L'amiral JAURES

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    La foule immense

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    Le cortège poursuit la route ...ici devant la Caisse d’Épargne

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    Devant le Groupe scolaire des Jeunes filles (École Gambetta)
    ----------------------------------------------------

    DOCUMENTS INÉDITS
    JAMAIS PUBLIES

    Le maire de Graulhet Monsieur Charles SERRES adresse un courrier aux membres du Comité de la Statue Jaurès pour les avertir de la venue du Ministre....

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    La famille de l'Amiral JAURÈS adresse une invitation

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    LA PRESSE EN PARLE

    LES NOUVELLES ILLUSTRÉES N°72 du 8 octobre 1903

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    L’hommage de Monsieur Pelletan à l'Amiral Jaurès

    Nos lecteurs ont vu dans le dernier numéro des Nouvelles Illustrées, une reproduction de la statue élevée à la mémoire de l'amiral Jaurès sur la place Jourdain, à Graulhet (Tarn), et ils savent que ce monument, œuvre du sculpteur albigeois PECH, a été inauguré par le ministre de la Marine, M. Camille Pelletan, au milieu d'une affluence considérable. Cette inauguration empruntait un piquant intérêt à ce fait qu'on pouvait remarquer, de droit aux places d'honneur, auprès du ministre radical de la Marine, sur l'estrade dressée devant le monument : d'une part la veuve de l'amiral et son fils, conseiller d'arrondissement républicain antisocialiste et d'autre part M. Jean Jaurès, vice-président socialiste de la Chambre et son frère le capitaine de frégate, commandant le croiseur Galilée, qui vient de se distinguer en enlevant à la barbe des pillards de la côte marocaine les cinq marins de l'équipage LEBAUDY.  Au moment de l'inauguration, après les remerciements du fils de l'amiral et les discours de M. Serres, maire, et du président du comité, le ministre de la Marine a pris la parole. Il a retracé en même temps que la biographie et les hauts faits militaires de l'amiral Jaurès, les vertus qu'il a laissées en exemple aux républicains.  Il a profité de la circonstance pour préciser une définition du patriotisme, qu'il distingue « du chauvinisme particulier de certains partis, qui mettent toute la gloire d'un peuple dans l'adoration de la force brutale et dans les rêves sanglants de la conquête du monde ».  Enfin, le ministre a terminé son discours par un hommage sincère à la mémoire glorieuse de l'amiral Jaurès, général de la Défense nationale pendant la guerre de 1870-1871, à laquelle il prit part.  Le soir même, le ministre de la Marine et les personnes qui l'accompagnaient sont rentrées à Paris.

    LA JUSTICE du mardi 29 septembre 1903

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    L'AURORE

    Le ministre de la marine a présidé hier à Graulhet (Tarn), à l'inauguration du monument élevé dans cette localité à la mémoire du vice-amiral Jaurès. L'amiral Jaurès, né en 1823, sorti de l’École navale, enseigne à la fin de 1845, lieutenant de vaisseau en 1850, naviguait sur le vaisseau le Valmy quand il s'y produisit une explosion suivie d'un commencement d'incendie qui, grâce à son activité, n'eut pas de suite. Capitaine de frégate en 1861, il fit la campagne de Chine et assista à la prise de Pékin. L’année suivante, en Cochinchine, Il était à l'affaire des lignes de Ki-Hoa et planta le premier drapeau français sur les forts de la rivière de Saïgon. Capitaine de vaisseau en 1869, il avait ce grade lors de l'invasion allemande. Mis à la disposition du gouvernement de la Défense nationale, il fut nommé général de brigade et fut plus tard nommé divisionnaire et commandant du corps de l'armée de la Loire. La commission de révision se borna à inviter le ministre de la Marine à le nommer contre-amiral, en reconnaissance des services rendus. Nommé député à l'Assemblée nationale, il y siège jusqu’à la fin et fut élu sénateur inamovible en mars 1876. En 1878 il fut envoyé comme ambassadeur, d'abord en Espagne, passa Vice-amiral dans la même année et alla, en 1881,remplacer à Saint-Pétersbourg le générai Chanzy   plus tard, il commanda en chef l'escadre de la Méditerranée et fut atteint par la limite d’âge en 1888 et maintenu définitivement en activité. Ministre de la marine en février 1889, il mourut dans ces fonctions au mois de mars suivant.

    Le train ministériel est parti d’Albi à huit heures. M. Pelletan était accompagné des députés et sénateurs républicains du Tarn. Sur le parcours, M. Pelletan a été longuement acclamé par les populations rurales. A son arrivée à Graulhet, le ministre de la Marine a été reçu par le maire entouré de ses adjoints et des membres du comité d’érection du monument de l’amiral Jaurès, des sénateurs, députés et conseillers généraux républicains du département.une foule énorme, massée aux abords de la gare, a acclamé le ministre aux cris de « Vive Pelletan ! Vive la République ! ».  Dans la salle d’attente, le maire a souhaité la bienvenue au ministre, au nom de la ville industrielle de Graulhet qui est franchement attachée À la République démocratique et sociale. Il l'a remercié d'être venu honorer de sa présence cette fête patriotique.  M. Pelletan le remercie de ses paroles et qu’il est heureux de se trouver au milieu d’une population franchement attachée aux institutions démocratiques. A l'Hôtel de Ville, le maire présente au ministre de la marine le conseil municipal socialiste. Composé d'ouvriers, le conseil dit en substance le maire, s'attache à administrer sa commune au mieux des intérêts de la population et de la grande industrie qui est la principale ressource du pays. Il s'emploie aussi à faire aimer et respecter la République. Il applaudit de tout cœur aux améliorations qui ont été apportées à la situation des travailleurs, « Nous sommes heureux de saluer en vous, ajoute le maire, non seulement un membre du gouvernement qui combat si fièrement pour la liberté, la justice et la raison, mais encore un artisan ardent et dévoué des réformes sociales. »    M. Pelletan répond qu’il connaît les sentiments républicains et démocratiques du Conseil municipal et de la Ville de Graulhet.  « Le gouvernement, dit-il. saura soutenir la politique qui vous est chère, et, débarrassé du cléricalisme, travailler aux réformes démocratiques et sociales que réclame le pays républicain ».  Le ministre reçoit ensuite le syndicat des ouvriers et le syndicat des patrons mégissiers, qui appellent particulièrement l'attention du gouvernement sur les améliorations économiques à apporter à l'industrie de la mégisserie.M. Pelletan répond que le gouvernement est acquis à toutes les améliorations pouvant encourager et fortifier les industries nationales. La ministre reçoit encore les délégations de sociétés diverses. Ces réceptions sont empreintes de la plus grande cordialité.

    L'inauguration du monument de l'Amiral Jaurès a eu lieu à deux heures et demie au milieu d'une affluence considérable. Le monument œuvre du sculpteur albigeois PECH se dresse au milieu de la Place Jourdain. L'amiral est représenté en uniforme de général de division, son attitude est martiale et souriante.  Quand le ministre arrive au pied de la statué, la foule l'acclame longuement. Sur l’estrade, on remarque la veuve de l'amiral et son fils, la famille Jaurès, M.Barbey, vice-président du Sénat, le préfet , les députés républicains et les sénateurs du Tarn, le maire, lé président du comité.   Après les remerciements du fils de l'amiral et les discours de M. Serres, maire, et du président du comité, le ministre prend la parole. II retrace en même temps que la biographie et les hauts faits militaires de l'amiral Jaurès, les vertus qu'il a laissées en exemple aux Républicains. Il définit te patriotisme, qu'il distingue du chauvinisme particulier de certains partis qui mettent toute la gloire d'un peuple dans l'adoration de la force brutale et dans les rêves sanglants de la conquête du monde.Le ministre termine son discours par un hommage sincère a la mémoire glorieuse de l'amiral Jaurès, général de la défense nationale pendant la guerre de 70-71, à laquelle il prit part. Des applaudissements répétés saluent cette péroraison. L’inauguration terminée. le ministre et sa suite ont quitté Graulhet par le train de cinq heures.

    LE PROGRAMME OFFICIEL
    DES FESTIVITÉS 1903

    pour la première fois l'intégralité ce cette brochure

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

    - Camille PELLETAN à Graulhet

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    - Camille PELLETAN à Graulhet

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